fléchisseurs, nous poussons le relâchement des muscles véritables de l’effort, qui sont les extenseurs, beaucoup plus loin que par l’absence de stimulation[1] ».
Cette inutile dépense de force est donc, attentivement considérée, une mise en liberté de forces.
Il est si vrai que la réaction aux impressions douloureuses s’effectue au détriment des forces indispensables à la vie qu’une prostration durable succède toujours aux mouvements désordonnés, convulsifs produits par une profonde douleur : et cette prostration est plus intense et plus durable que la prostration provoquée même par de violents efforts musculaires, non accompagnés de douleur.
L’épuisement consécutif à une réaction douloureuse est attestée en outre par des faits nombreux : une mélopée musicale un peu triste provoque une diminution dans l’intensité de la pression dynamométrique[2]. Dans la douleur la voix s’affaiblit, devient grave, caverneuse par suite du relâchement des muscles du larynx : les traits se relâchent ; l’attitude générale est infléchie. La mélancolie correspond à un état de dépression générale. Les expériences de Gratiolet et Fontana prouvent que la pupille se dilate sous l’influence de la douleur comme sous l’influence de la fatigue. Le tremblement des membres, de la mâchoire inférieure, l’impressionnabilité au froid dans les grandes douleurs, la syncope dans les cas extrêmes, tout cela prouve à l’évidence combien est ruineuse la réaction à des impressions douloureuses. La respiration se ralentit, la température peut même s’abaisser, suivant Mantegazza, de 2 degrés lorsque la douleur est très profonde. Le chagrin diminue la production du lait chez les femmes, du suc gastrique chez le chien. En résumé toutes les fonctions organiques subissent une dépression telle qu’une extrême fatigue peut à peine en produire une aussi forte.
La nature même des larmes paraît changée : elles ont une action irritante que n’ont pas les larmes de joie, ce qui tient peut-être à une élaboration insuffisante.
Au contraire, le plaisir est comme le chant de triomphe de l’organisme. Il indique le bon fonctionnement de la machine qui marche à haute pression. Il est la conscience d’une surabondance de forces et, comme le dit Descartes, le sentiment de quelque perfection. Lorsque l’organisme produit plus de forces qu’il n’en consomme, il y a surcroît, surproduction et ce surplus doit se dépenser aussitôt. Et par un effet de répercussion, plus la force produite est considérable, plus