l’exagérant. « En tout attroupement, dit l’historien philosophe, c’est le plus audacieux, le moins embarrassé de scrupules, qui marche en tête et donne l’exemple. L’exemple est contagieux ; on était parti pour avoir du pain, on finit par des meurtres et des incendies, et la sauvagerie qui se déchaîne ajoute ses violences à la révolte limitée du besoin. » — Ce n’est pas tout ; en tout temps, et non pas seulement en 1789, la fermentation des idées complète le soulèvement des bas instincts et suit ou provoque l’explosion des appétits. Or, à l’origine de ces idées révolutionnaires, que trouvons-nous ? Toujours des innovations parties d’en haut, de la bouche d’un moine éloquent ou d’un sectaire farouche, que les classes dominantes ont écouté avec faveur. Supposez qu’en France, comme dans certaines régions de l’Extrême-Orient, les classes supérieures aient été rebelles à toute initiative, ennemies de toute nouveauté intellectuelle, notre Occident serait demeuré aussi fossile que le monde oriental, à tort le plus souvent, a la réputation de l’être.
On me pardonnera d’abonder ainsi dans le sens de mes idées favorites, bien connues des lecteurs de la Revue. Mais je ne veux pas finir, malgré la longueur de cet article, sans ajouter qu’ils trouveront, dans les deux livres si différents à la fois et si complémentaires dont je viens de les entretenir, ample matière à réflexions de toutes sortes, et qu’après les avoir lus, ils me remercieront de les leur avoir recommandés.