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h. lachelier. — la métaphysique de m. wundt

d’où la nécessité de concevoir un système qui embrasse non seulement tous les astres présents, mais encore les astres passés et à venir. Et il pourra venir un jour où ce système déjà si vaste devra être ramené à un système plus vaste encore, jusqu’à ce que par un lent progrès la raison ait atteint l’unité dernière.

En résumé la raison, placée en face du monde de l’expérience objective, se trouve partagée entre une double nécessité, d’un côté celle d’étendre et de diviser à l’infini, de l’autre celle de rassembler le multiple et de le ramener à l’unité, et c’est seulement quand elle considère le contenu concret de l’expérience qu’elle peut espérer satisfaire son besoin d’unité.

II. — Le problème psychologique.

Le problème que se pose la métaphysique psychologique n’est pas sans analogie avec celui qui vient de nous occuper. Le problème psychologique, en effet, comprend deux questions qui correspondent exactement, l’une à la question des éléments simples de la matière, l’autre à la question de l’unité totale du monde physique. Les derniers éléments de l’univers psychique, ce sont les âmes : comment la raison devra-t-elle concevoir ces âmes ? D’autre part la raison prétend que les âmes s’unissent dans un système qui les contienne toutes : quelle idée pouvons-nous former de ce système des âmes ?

Le problème psychologique diffère pourtant sur deux points essentiels du problème cosmologique. Les hypothèses cosmologiques sont destinées, comme nous l’avons vu, à ramener à l’unité, non pas des faits d’intuition immédiate, mais des concepts abstraits, substitués par l’entendement aux représentations concrètes ; il en résulte que ces hypothèses conservent toujours un caractère abstrait et pour ainsi dire intelligible. Au contraire les hypothèses psychologiques prennent leur point de départ dans l’intuition ; comme leur rôle est de rendre possible la formation d’un système de nos intuitions, elles ont un caractère intuitif. La méthode de la métaphysique psychologique consiste à prendre pour principe d’explication dernière l’un des éléments primordiaux de la conscience. Ce problème psychologique nous apparaît ainsi comme un problème d’ordre concret, tandis que le problème cosmologique était d’ordre abstrait. Nous pouvons ajouter que le problème psychologique est d’ordre qualitatif et non plus quantitatif comme le problème cosmologique. Les rapports extérieurs des choses que connaît la cosmo-