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type le plus général, celui de l’embranchement, le feuillet du blastoderme apparaît le premier, puis le type du genre, enfin le type de l’espèce : l’ordre historique serait absolument conforme à l’ordre logique. M. H., préoccupé d’établir l’invariabilité des espèces cellulaires, ne songe pas assez, il me semble, à cette variation perpétuelle qui, en somme, fait sortir toutes les races de cellules d’une cellule unique, l’ovule fécondé. L’auteur, après avoir loué au début les théories darwinistes, les oublie un peu et ne nous montre pas assez comment l’évolution qui transforme se mêle ici d’une façon remarquable avec l’hérédité qui conserve.

Qu’il nous soit permis d’exprimer encore un regret tout naturel : M. H., qui montre tant d’intérêt pour les questions de philosophie générale et qui les discute avec tant de compétence, semble n’estimer et même ne connaître qu’un seul philosophe. Il ne peut exprimer aucune idée philosophique, fût-ce la plus banale, celle du déterminisme, celle du progrès, sans en rapporter immédiatement tout le mérite à Auguste Comte. Nous serions heureux si M. H. voulait bien convenir qu’il y a d’autres philosophes qu’Auguste Comte et que, bien souvent, ils ont exprimé avant lui et avec beaucoup plus de profondeur les mêmes théories scientifiques. Mais ces remarques sont probablement inutiles si l’on songe que ce beau travail n’est que l’introduction d’un ouvrage considérable que M. H. nous promet sur les espèces cellulaires : l’ouvrage viendra sans doute compléter dignement la préface.

Pierre Janet.

Basile Conta. Premiers principes composant le monde. 1 vol.  in-16, 112 p. Jassy. Imprimerie nationale, 1888.

M. Conta, mort en 1882, à l’âge de trente-sept ans, était professeur à l’université de Jassy. La Revue philosophique a eu plusieurs fois déjà à s’occuper de lui[1]. Il a laissé un ouvrage posthume inachevé, dont les Premiers principes forment la première partie ; on annonce comme devant paraître prochainement la théorie de l’ondulation universelle qui en forme la seconde partie, mais on nous donne un fragment inédit de l’Ondulation universelle, que nous analyserons à part.

Conta était certainement un esprit original ; il a parfois des vues profondes et justes. Malheureusement l’ouvrage dont il s’agit ici est inachevé, et extrêmement inégal, certaines parties sont insuffisantes ; on y trouve des assertions surprenantes, des erreurs de faits. L’auteur aurait sans doute fait disparaître ces défauts, au moins en partie, en revoyant soigneusement son travail.

Les premiers principes composant le monde sont, pour M. Conta, au nombre de six. Ce sont : le vide, les atomes ou le plein, le mouve-

  1. Voir la Table des matières, années 1880 et 1881.