différents, ils donnent à la longue naissance à des variétés organiques différentes. Le sixième se tire de la comparaison des organismes et des langues. « Il est certain que d’une seule langue peuvent naître plusieurs autres langues qui deviennent de plus en plus divergentes… Il en a dû être de même avec la formation des espèces, des êtres organiques. Car les formes des êtres organiques aussi bien que les langues humaines étant, les unes et les autres, des manifestations de la vie organique, doivent prendre naissance et varier d’après les mêmes lois. »
Il y aurait bien à discuter sur la plupart de ces arguments ; l’auteur s’est borné à dire qu’il les acceptait, et ne les a pas examinés à fond dans son livre ; il n’en a pas non plus indiqué les conséquences et montré les convergences. Mais son ouvrage s’adresse évidemment à des lecteurs déjà familiarisés avec la question ; je me bornerai donc à critiquer la façon dont il expose l’argument tiré de l’embryologie. Sous la forme trop précise, trop rapide qu’il lui donne, il ne serait pas, je pense, accepté comme exact par les naturalistes. « L’embryogénie, dit-il, nous prouve que l’individu humain commence par exister sous la forme d’une simple cellule, et que, ensuite, en partant de ce point, il passe insensiblement par tous les degrés intermédiaires de perfection organique jusqu’à ce qu’il arrive à son développement complet. Le développement embryonnaire de l’homme ne diffère de celui du chien, par exemple, qu’en ce que l’homme parcourt n degrés de développement embryonnaire, tandis que le chien s’arrête à a-n degrés. Les degrés de développement embryonnaire correspondent en tout aux degrés de perfectionnement de tous les êtres organiques habitant la terre ; de sorte que le développement embryonnaire de l’homme est la récapitulation de l’entière création successive des êtres organiques dans le cours des périodes géologiques. »
M. Conta est donc transformiste, mais il n’est pas darwiniste. Il ne peut admettre, par exemple, que tous les êtres qui se trouvent actuellement sur la terre, descendent de sept ou huit ancêtres ou peut-être d’un seul. Les conditions d’apparition de la vie ont dû être à peu près les mêmes par toute la terre et la vie n’a pas dû prendre naissance seulement sur un point. Il est tout à fait arbitraire de croire qu’un seul ou que sept ou huit seulement des innombrables individus qui ont dû naître à cette époque aient laissé des descendants. De plus les premiers ancêtres de l’homme doivent être plus anciens que les premiers ancêtres des autres êtres organiques actuellement vivants. « Car l’homme contient la plus grande accumulation de variations organiques et cela n’a pu s’effectuer que dans le plus long espace de temps. Les autres êtres organiques, ensuite, doivent avoir des ancêtres primitifs de plus en plus récents, à mesure qu’on descend sur l’échelle organique. »
Sur les causes de l’évolution, M. Conta n’est pas plus d’accord avec Darwin. Tout en reconnaissant comme faits la lutte pour l’existence et la sélection naturelle, — et à vrai dire il ne tient pas assez compte de