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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


A. Liébeault. Le sommeil provoqué et les états analogues, Paris, O. Doin, 1889.

C’est en 1866 que paraissait le livre de M. Liébeault : Du sommeil et des états analogues. Ce livre se divisait en deux parties : dans la première, presque exclusivement psychologique, l’auteur étudiait le sommeil naturel et le sommeil provoqué, établissait l’analogie de ces deux états et posait, d’une façon magistrale, les bases de la théorie de la suggestion. L’autre moitié du volume était consacrée à l’action thérapeutique de la suggestion et du sommeil hypnotique.

Le livre actuel : Le sommeil provoqué et les états analogues, est la réimpression presque textuelle de la partie psychologique de l’ouvrage de 1866, la partie consacrée à la thérapeutique devant être publiée à part.

Le livre primitif n’a subi que fort peu de modifications ; quelques additions sans grande importance, quelques rectifications de détail, quelques suppressions portant surtout sur les résumés qui terminent les chapitres, voilà tout. Je signalerai du reste au cours de cette analyse les modifications les plus essentielles.

L’ouvrage de 1866, écrit dans le désert, suivant l’expression de l’auteur, fut « un véritable anachronisme ». Ce travail n’attira nullement l’attention et fut incompris par ceux-là même qui, par position, devaient être aptes à le juger. Présenté à la Société médico-psychologique, il fut l’objet d’une mise à l’index et d’une condammation sommaire que l’auteur rappelle non sans amertume. À ce point de vue, l’accord était complet entre les médecins et les psychologues. Ni les uns ni les autres ne s’en occupèrent. L’auteur n’avait plus qu’à « s’enfermer dans son manteau et à attendre des jours meilleurs ; comme certains novateurs désespérés, il finissait même par ne plus compter que sur d’autres générations pour l’éclosion des vérités dont il se sentait les mains pleines ». Mais le revirement se fit, on sait comment. Les temps sont bien changés et les idées de l’auteur ont fait leur chemin.

Après avoir été vingt ans seul de son opinion, après avoir été honni et raillé, traité de fou par les uns, de charlatan par les autres, il est devenu chef d’école ; sa modeste demeure, enfouie dans une rue perdue de Nancy, est aujourd’hui un véritable centre scientifique vers lequel