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ANALYSES.a. coste. Nouvel exposé d’économie politique.

l’astrologue de Marie de Médicis ressuscitait, M. Faye le présenterait à l’Académie des sciences. Ne nous étonnons donc plus de voir, à fortiori, M. Delbœuf prendre Donato sous sa protection et le présenter au public scientifique.

Dois-je ajouter pourtant qu’à des attaques imméritées notre ami a répondu avec un excès de verve et de verdeur ? Ce qui me fait plaisir, c’est que, après avoir engagé avec un autre adversaire (voy. p. 90, note) une polémique sur le même ton, il s’est réconcilié avec lui. Je souhaite de toute mon âme que son différend avec M. Ladame se termine ainsi, et je n’en désespère pas malgré les « vivacités de langage » qu’ils ont échangées et qui devraient être oubliées réciproquement.

G. Tarde.

Adolphe Costa. — Nouvel exposé d’économie politique et de physiologie sociale. Alcan et Guillaumin, 1889.

Nous n’aurions pas à parler ici du nouvel ouvrage de M. Coste, qui est un livre d’économie politique, si la préface et le dernier chapitre surtout ne lui donnaient une véritable portée sociologique. Familier avec la doctrine de Comte et avec les problèmes de psychologie morale, M. Coste a le mérite assez rare de ne pas perdre de vue les rapports des faits économiques aux autres faits sociaux, et il introduit dans leur étude l’idée d’évolution, qu’on en écarte ordinairement. L’économie politique revient pour lui à une « méthode de travail et d’observation » ; il ne la comprend pas comme un « répertoire de conclusions toutes faites à l’usage des esprits paresseux ».

M. Coste reconnaît donc quatre grandes séries de faits, ou fonctions de l’organisme social, qui sont interdépendantes et évoluent ensemble au cours de l’histoire : les fonctions tutoriales, avec la famille pour stage initial et la mutualité pour stage final ; les fonctions économiques, procédant de l’économie domestique à l’économie politique ; les fonctions civiques, qui ont pris d’abord la forme du militarisme, et revêtent enfin celle du droit ; les fonctions doctrinales, qui nous mènent de la religion à la science. L’évolution des faits économiques, dont l’ouvrage nous présente le tableau particulier, consisterait, pour le dire plus explicitement, dans le changement progressif de l’économie domestique, fondée sur le travail et l’épargne, en économie politique, fondée sur l’échange et le crédit. Ajoutons que, dans la pensée de M. Coste, ni la mutualité, ni l’économie politique, ni le droit, ni la science, ne peuvent remplacer absolument la famille, l’économie domestique, le militarisme, la religion. L’avènement d’un nouvel état ne fait pas disparaître, n’abolit pas l’état précédent ; mais il subordonne l’un à l’autre. On sent l’importance de cette dernière considération.

Nous recommandons cet Exposé. Il est bref, clair, substantiel. Tandis que M. Tarde, avec son esprit si original et si curieux, essaye de