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tions, des arts, etc., etc. Il a puisé aux sources les plus variées, les plus sérieuses, les plus récentes, et il les cite avec soin. Son livre peut donc être consulté avec fruit comme recueil de documents, et la lecture en est des plus intéressantes. Pour en indiquer l’esprit, nous ne saurions mieux faire que de transcrire la dernière page :

« En traçant cette esquisse ethnographique, dit M. Hovelacque, nous n’avons été ni détracteur systématique ni ami aveugle du frère noir.

« Que par leur développement intellectuel et par leur civilisation les nègres africains soient inférieurs à la masse des populations européennes, personne évidemment n’en peut douter.

« Personne ne peut douter non plus que, sous le rapport anatomique, le noir ne soit moins avancé que le blanc en évolution.

« Les nègres africains sont ce qu’ils sont : ni meilleurs m pires que les blancs ; ils appartiennent simplement à une autre phase de développement intellectuel et moral.

« Ces populations enfantines n’ont pu parvenir à une mentalité bien avancée, et à cette lenteur d’évolution il y a eu des causes complexes. Parmi ces causes, les unes peuvent être recherchées dans l’organisation même des races nigritiques, les autres peuvent l’être dans la nature de l’habitat où ces races sont cantonnées.

« Toutefois, ce que l’on peut assurer avec expérience acquise, c’est que prétendre imposer à un peuple noir la civilisation européenne est une aberration pure. Un noir a dit un jour à des voyageurs blancs que la civilisation blanche était bonne pour les blancs, mauvaise pour les noirs. Aucune parole n’est plus sensée.

« Il est impossible de le nier, là où ont pénétré les missions chrétiennes, aussi bien les missions protestantes que les catholiques, elles n’ont fait que porter l’hypocrisie et un raffinement de dépravation.

« Est-ce à dire que la destinée du noir africain doive nous laisser indifférents, et que nous ne devions pas songer à le faire bénéficier de nos progrès ? En aucune façon.

« II s’agit, tout au moins, d’épargner l’eau-de-vie de traite, les missions religieuses et les coups de fusil à un grand enfant crédule et inconstant, auquel il ne faudra de longtemps, semble-t-il, demander les qualités de l’homme fait. »

L. M.

Dr A. Bordier. Pathologie comparée de l’homme et des êtres organisés. (Biblioth. anthropologique, t.  X, 1889.)

Ce livre a été écrit avec les notes de trois années du cours de l’auteur à l’École d’anthropologie. Le légitime succès de ce cours peut faire pressentir un égal succès du livre qui en est le résumé.

Conformément à la tradition qui s’est en quelque sorte imposée à l’École d’anthropologie, M. Bordier ne se borne pas à une monogra-