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de l’une des parties de l’organisme humain. En réalité le symbolisme mythique relève du même procédé et devient à peine plus conscient. Il est le produit d’une projection psychologique et sociologique ; c’est-à-dire que les choses de l’art sont conçues comme des sentiments bienveillants ou irrités, comme des inventions ou combinaisons intelligentes que l’on prête à des hommes fictifs idéalisés, comme des échanges que l’on fait avec eux, comme des dons ou des enseignements que l’on en reçoit, ou des ordres que leur volonté impose. Ce sont donc des opérations psychiques ou des rapports sociaux tirés de la conscience humaine à son insu qui, personnifiés, se trouvent invoqués par elle pour s’expliquer à elle-même ses propres créations. Nous retrouvons ainsi entre les divers procédés que nous avons dû opposer les uns aux autres pour les distinguer, un lien de filiation ; ce sont des stades divers de projection ou d’objectivation, là organique, ici psychologique et sociologique. Nous allons assiter à la réintégration de ces éléments dans l’esprit humain qui se reconnaîtra dans son œuvre et s’apercevra que ces sentiments, ces volontés, ces combinaisons intelligentes sont les siennes, que ces rapports d’obéissance et de direction sont ceux mêmes qui constituent la société formée par lui. Il suffira pour cela que les arts et les relations sociales se perfectionnent : d « s théories nouvelles sur leur nature et leur origine se développeront parallèlement.

A. Espinas.