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question sont tantôt d’une encre très noire et d’une écriture très nette, tantôt d’une encre pâle et d’une écriture un peu négligée ; toutes pourtant sont, à n’en pas douter, de la même main. Quelques-unes, en latin, montrent que Beaumont écrivait naturellement en latin comme en français.

Voici quelques spécimens des notes de la première catégorie :

« Il n’y a rien en toute la philosophie péripatéticienne, j’entends parler de tout ce qui lui est propre et qui la fait différer des autres, qui ne soit nouveau, et au contraire il n’y a rien dans celle de M. Descartes qui ne soit ancien. Car pour ce qui est des principes, il ne reçoit que ceux qui jusques icy ont esté connus et admis généralement de tous les philosophes, et qui pour cela mesme sont les plus anciens de tous, et ce qu’il en déduit ensuite paroit si manifestement (ainsi qu’il est facile de voir dans ce livre) estre contenu et renfermé dans ces principes, qu’il paroist aussi en mesme temps que cela est très ancien, puisque c’est la nature mesme qui l’a gravé et imprimé dans nos esprits. Mais tout au contraire les principes de la philosophie vulgaire, du moins à le prendre du temps qu’ils ont été inventés par Aristote ou par d’autres, estoient nouveaux, et ils ne doivent pas à présent être estimés meilleurs qu’ils estoient alors. Or, l’on n’en a encore rien déduit jusques icy qui ne soit contesté et qui, selon l’usage ordinaire des escoles. ne soit sujet à estre change tous les ans par ceux qui se meslent d’enseigner la philosophie et qui par conséquent ne soit aussi fort nouveau, puisque tous les jours on le renouvelle. »

« On peut dire de M. Descartes ce que Senneque dit de Chrysipe, à scavoir qu’il n’a employé dans tous ses escrits aucune parole pour l’oreille, mais tout pour l’esprit, rei agendæ causa loquitur et verbis non ultra quam ad intellectum satis est utitur. »

Et tout à la fin du volume, en guise de conclusion :

« Uno hoc Renato universa mathesis et philosopliia renata fuit. »

Quant aux notes marginales, je me bornerai à transcrire celles qui ne sont pas de pur commentaire :

Page 78 : « Mr Claub. » (Clauberg), deux fois, raturé les deux fois.

Page 135 : « On appelle cette inclination latitude. Voies (voyez) mon diction, math. » Même page, plus bas, le même renvoi. — Qu’est-ce que ce dictionnaire mathématique ? sans doute une œuvre de Beaumont qui sera restée manuscrite et dont la trace a été perdue ; car Beaumont est absolument inconnu des historiens du cartésianisme et des historiens des mathématiques ; M. P. Tannery, que j’ai interrogé, a bien voulu me répondre qu’il n’avait rencontré nulle part la mention d’un personnage de ce nom.

Page 9, avant le texte de la Préface : « Cette préface est une partie d’un traité de l’érudition que Mr Desc. avait envie de faire, p. 78, Ir to. Le discours de la méthode en a esté tiré aussi, et M. Clercelier (sic) en a le manuscript qui paroitra un jour. » — La première phrase de cette note est un souvenir de la lettre de Descartes à la princesse Élisa-