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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


J. Luys. Les émotions dans l’état d’hypnotisme et l’action a distance des substances médicamenteuses ou toxiques. J.-B. Baillière, 1890, in-16, 320 p.

Il est juste de faire connaître aux personnes qui s’intéressent aux études sur le sommeil hypnotique, les deux volumes que vient de publier M. le Dr Luys, même s’il nous est impossible d’en partager les idées.

M. Luys reproduit dans ce premier ouvrage les expériences de MM. Bourru et Burot qui ont eu tant de retentissement il y a quelques années. Il enferme dans des tubes de verre des substances médicamenteuses ou toxiques, puis il les approche d’un sujet hypnotisé, et constate les phénomènes physiques ou psychologiques que le sujet présente sous cette influence. C’est ainsi qu’il a essayé un grand nombre de corps sous forme gazeuse, solide ou liquide ; il a surtout recherché l’action des corps usités en thérapeutique, la morphine, la strychnine, l’atropine, etc. Les résultats de ces nombreuses expériences sont exposés avec détails : c’est ainsi que l’on voit un tube de verre « en réfléchissant par un chatoiement continu la lumière ambiante » produire des spasmes et des contractures, un tube plein d’eau pure déterminer « l’hydrophobie expérimentale », les spiritueux provoquer l’ivresse, les narcotiques, le sommeil, etc. Certaines substances ont eu des actions plus particulières, la valériane a inspiré au sujet le désir de gratter la terre ; « il est bon d’ajouter, remarque l’auteur, que les chats auxquels on donne de la racine de valériane sont aussi portés à gratter la terre » (179) ; les verres bleus ont déterminé presque constamment des sentiments d’appréhension, de tristesse, d’abattement, les verres rouges ont donné des sentiments de gaieté et de satisfaction, les rayons jaunes des sensations brusques d’attraction et de vive satisfaction (122).

M. Luys s’est surtout préoccupé de rechercher les modifications de cette action médicamenteuse, suivant la région du corps auprès de laquelle on approchait le tube de verre ; « le sujet est inégalement impressionné à gauche ou à droite, il est tourné à la tristesse si on agit sur le côté gauche par exemple, et vers la gaieté si c’est le côté