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NOTE SUR LA PHYSIOLOGIE DE L’ATTENTION


L’état des muscles a depuis longtemps frappé ceux qui se sont occupés de la physiologie de l’attention. « Lorsque l’âme désire quelque chose, tout le corps devient plus agile et plus disposé à se mouvoir qu’il n’a coutume d’être sans cela », dit Descartes. Pour les uns, toute la musculature prend part à l’action. « Dans l’attention, dit Gratiolet, tout le corps se tend vers l’objet qui la détermine, d’où le danger de considérer un objet d’un endroit élevé, surtout si l’objet se meut » ; s’il existe une prédominance d’activité locale dans les muscles annexés à l’organe le plus intéressé, cette prédominance n’est qu’un élément du phénomène. Pour d’autres, au contraire, comme Duchenne (de Boulogne), la condition physiologique de l’attention serait spéciahsée dans l’activité de quelques fibres musculaires de la face. Cette localisation étroite a peu de partisans. Si les muscles de la face sont plus facilement mis en mouvement dans l’attention et dans l’expression des émotions, cela tient à des conditions physiologiques spéciales : les muscles les plus rapprochés des centres réagissent plus rapidement à l’action nerveuse[1] ; l’activité motrice est toujours en relation avec l’irrigation sanguine ; le nerf facial paraît jouir d’une excitabilité plus intense sui’la plupart des nerfs, c’est lui qui après la mort répond le dernier à l’excitation faradique ; considérés dans ses connexions centrales, les nerfs moteurs de la face sont plus rapprochés des noyaux des nerfs sensoriels que les autres nerfs moteurs, circonstance qui doit facihter la réflexion.

La diffusion de l’activité musculaire dans l’attention est montrée par ce fait que sous son influence, et quelle que soit son orientation, les contractures, les spasmes fonctionnels, les crampes professionnelles, etc., s’exagèrent d’une manière bien évidente.

Donc, l’attention paraît s’accompagner de mouvements.

  1. A. James, Tendon reflex and clonus phenomena, ankle clonus in relation to the height of the individual (Physiological and clinical studies. Edinburgh. 1888).