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plus énergique et plus rapide. Le chronographe de Marey donne d’ailleurs, dans ces conditions, des chiffres de temps qui confirment les résultats fournis par le chronomètre de d’Arsonval.

Si une certaine activité musculaire préalable favorise l’exécution des mouvements, cette même activité musculaire favorise aussi l’arrêt des mûmes mouvements. Duchenne (de Boulogne) nous a appris, et les expériences de M. Beaunis ont confirmé, que dans tout mouvement l’activité des muscles qui déterminent la direction du déplacement n’est pas seule en jeu : les muscles antagonistes jouent aussi un rôle dans le phénomène qui ne se produit qu’à la condition qu’il existe une tension de ces derniers muscles. Dans l’arrêt du mouvement, c’est l’intervention de ces muscles antagonistes qui joue le rôle prédominant ; il n’y a pas d’inhibition, il n’y pas de suppression, mais simplement dérivation d’activité. L’activité qui arrête le mouvement est de même nature que celle qui la provoqué, et elle exige un temps comparable pour se manifester[1].

Lorsque chez un individu atteint d’affaiblissement paralytique d’un côté du corps, on provoque au signal pour l’inscrire un mouvement bilatéral de pression exécuté par le pouce et l’index par exemple et que l’on fait cesser aussi au signal ce mouvement de pression, on voit[2] que du côté faible, la pression commence en retard et s’inscrit par une courbe graduelle ; le même retard et la même courbe graduelle se retrouvent du même côté lorsque le sujet arrête la pression. Le défaut d’activité motrice se traduit par un retard et un défaut d’énergie aussi bien au départ qu’à l’arrêt.

Dans le cas de l’hémiplégique, ces deux effets de raffaiblissemeiit des muscles, défaut d’énergie et lenteur du mouvement aussi bien au départ qu’à l’arrêt, coïncide avec un défaut de précision : la main la plus faible et la plus lente atteint moins précisément le but. La tension préalable des muscles favorise donc non seulement l’énergie et la rapidité du mouvement, mais encore sa précision.

Le même fait se retrouve dans l’attention volontaire. On peut s’en rendre compte par l’expérience suivante : on trace sur un carton une demi-circonférence de 10 centimètres de rayon ; sur cette demi-circonférence on inscrit une série de circonférences concentriques de 1, 2 et 3 centimètres de diamètre. Ces sortes de cibles ayant toutes leur centre sur la même demi-circonférence sont à égale distance du centre. Si on fait parcourir au signal la distance qui sépare

  1. Orchansky, Zur Lehre der Willensthätigkeit. Ueber Wilkürliche Impulse und Hemmungen (Arch. f. Anal, und Phys., 1888).
  2. Ch. Féré, Étude physiologique de quelques mouvements d’articulation (Nouv. iconographie de la Salpêtrière, 1890, p. 169).