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M. D. a eu en outre l’idée de prier ses sujets de noter ce qu’ils éprouvaient en réagissant. C’est ce qu’il appelle le procédé nouveau des rapports subjectifs. La comparaison qu’il fait de ces appréciations subjectives avec les résultats constatés objectivement constitue l’une des parties les plus intéressantes de son ouvrage et fournit une preuve expérimentale des difficultés et de l’incertitude de l’observation interne. Ainsi dans le cours d’une série d’expériences, bien que les conditions de chaque expérience restent les mêmes, le jugement du sujet peut varier considérablement : par exemple, trois réactions sensiblement égales en durée lui paraîtront l’une brève, l’autre longue, la troisième normale.

La deuxième partie renferme un exposé très complet, auquel s’ajoute encore l’analyse de divers travaux français et anglais, de la théorie de Wundt sur l’aperception. Comme Wundt, M. D. admet que l’intensité de la sensation et l’intensité de l’aperception sont deux phénomènes différents, qu’une sensation faible peut être fortement aperçue et réciproquement : la clarté de la représentation dépend donc, selon lui, de deux facteurs, 1o de son intensité, 2o de la netteté de l’aperception qu’on en a. Nous objecterons que l’idée de clarté est vague et que M. D. lui-même semble tendre à la confondre avec celle d’intensité lorsqu’il dit que « la représentation reçoit un léger accroissement d’intensité par l’aperception » (131).

Examinant le rôle des mouvements dans l’attention, c’est-à-dire dans l’aperception, M. D. reconnaît qu’il n’y a pas de pensée sans expression, mais il maintient en même temps avec Wundt que l’attention a sa première origine dans un acte aperceptif, antérieur à tout mouvement musculaire (150).

Comme on voit, le présent ouvrage, dont la Faculté de philosophie et lettres de l’université de Bruxelles à laquelle il était présenté comme thèse d’agrégation a refusé d’autoriser l’impression, ne contient rien qu’on puisse aujourd’hui qualifier de subversif.

B. Bourdon.

Général Jung. La guerre et la société. Paris, Berger-Levrault, 1 vol.  in-8o, 334 p.

L’ouvrage de M. le général Jung ne rentre qu’en partie dans le cadre de cette Revue ; et la partie la plus technique relative aux questions d’organisation militaire, qui est celle où l’auteur possède une compétence incontestée, sort précisément trop de la nôtre pour que nous voulions en faire l’examen.

Restent donc les questions de sociologie générale soulevées par le Cait de la guerre. Le titre permettait de penser qu’elles devaient oocaper le premier rang dans l’ouvrage. L’auteur indique bien, dans ses premiers chapitres quelques-unes de ces questions, quoique d’une