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nombre de détails intéressants, faits historiques, données statistiques, citations instructives, anecdotes même, qui témoignent de lectures abondantes et de connaissances étendues.

G. B.

Franz Brentano. Vom Ursprung sittlicher Erkenntniss (Des sources de la connaissance morale). Leipzig, Duncker et Humblot, 1889. Broch. de 122 p. in-8o.

Cette brochure est la reproduction d’une conférence faite à l’occasion d’un discours prononcé par Ihering à la Sociéttè des juristes de Vienne sur la formation du sentiment du droit. Malgré sa brièveté (elle n’a pas 50 pages de texte[1]), elle mérite de nous arrêter quelque temps, en raison de l’intérêt du sujet et de l’importance qu’attache l’auteur à ses thèses et à ses conclusions qui représentent, dit-il, le fruit de longues années de réflexion ; en raison surtout de la méthode que l’auteur a suivie.

Le titre, tout d’abord, ne doit pas nous tromper. Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire, de l’origine empirique des idées morales de leur formation, mais de leur point de départ dans la pensée même ; c’est une sorte d’analytique des principes de la moralité que nous présente l’auteur. Quant à leur origine empirique, il ne s’inscrit pas en faux contre les thèses des associationnistes et des sociologues de l’école empirique, mais il déclare qu’il ne faut pas confondre ces origines avec les véritables principes de la moralité dont elles ne font que provoquer l’apparition, et qui ont une source plus profonde.

Existe-t-il un droit naturel ? Tel est le point de départ de cette étude. Cette expression de droit naturel comporte deux sens. Si l’on veut entendre par là un droit inné, universel en fait, l’auteur est d’accord avec Ihering pour le nier. Mais s’il s’agit d’un droit naturel, par opposition au droit positif, d’un droit immanent, qui d’ailleurs ne comporte pas plus qu’un théorème de géométrie, l’aperception immédiate et innée, M. Brentano déclare qu’il cesse de suivre Ihering dans sa négation et reconnaît la réalité du droit naturel en ce sens.

Quel en est le fondement, où en réside l’autorité, ou, suivant l’expression adoptée dans cette acception par M. Brentano, la sanction ? Une impulsion, un instinct ne sauraient remplir ce rôle ; il en est de même des sentiments de crainte et d’espérance ; l’impératif catégorique de son côté est une fiction inacceptable et inutile.

Toute volonté supposant une fin, la question revient à nous demander quelle est la fin légitime, juste (richtig) de la volonté ; car la volonté, pense M. B., n’a pas pour règle nécessaire de suivre le plus grand plaisir. D’où vient cette notion du légitime et de l’illégitime, du

  1. Des noies très étendues, dont quelques-unes sont de véritables appendices, la complètent d’ailleurs et éclaircissent la pensée de l’auteur. Il y a ajouté la reproduction d’un article sur « les proposition » sans sujet d’après Mikiosich ».