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l’opium, le chloroforme, tels que les meilleurs diurétiques, sudorifiques, sialagogues et emménagogues, et jusqu’à la poudre de cantharide comme vésicatoire. Aujourd’hui qu’on veut bien là-dessus faire amende honorable et reconnaître que je ne trompais ni ne me trompais en affirmant une chose aussi incroyable, aussi « insensée », on devrait, il me semble, s’intéresser davantage à l’explication que j’en proposais en même temps, et vouloir s’assurer si sur ce point théorique, comme sur le point de fait, je n’aurais pas encore eu raison contre les sceptiques.

IV. — Ces mêmes notions sur la constitution générale des fonctions me paraissent intéresser encore l’art médical à beaucoup d’autres points de vue. Arrêtons-nous sur un seul, un moment, et finissons.

Après avoir rappelé ma série des facteurs fonctionnels, je déclare que chacun d’eux peut être individuellement et isolément le point de départ des différents troubles ou altérations qui peuvent être constatées dans le résultat d’une fonction quelconque. Cette proposition ne pouvant être démontrée ici in extenso faute de place, je vais me contenter d’un simple aperçu de démonstration au moyen d’exemples.

Le résultat de la fonction de vision, autrement dit voir, peut être dévié de ses conditions normales de diverses manières ; supposons ici la plus simple, soit le fait de dysopie, c’est-à-dire de ne voir que faiblement. Cette altération de la vision ne peut-elle pas avoir séparément et indifféremment son origine, soit dans une altération de l’agent, c’est-à-dire dans la faiblesse de la lumière employée ? soit dans un état vicieux des milieux de l’œil, ne livrant qu’imparfaitement passage aux rayons lumineux ? soit dans un affaiblissement de l’action nerveuse dans les nerfs et les centres optiques ? soit enfin dans une modification primitive et purement psychique du sensorium telle que l’on en obtient si facilement par voie de suggestion ?

Autre exemple :

Nous sommes en présence de certains phénomènes de l’entérite, soit le plus caractéristique, la diarrhée. Eh bien, cet effet physiologique irrégulier anormal, ce trouble d’une des fonctions digestives, peut être causé séparément : 1o par un état anormal de l’agent, c’est-à-dire des aliments, ou par ce qui peut en avoir usurpé la place ; 2o par une lésion propre de l’organe-outil, c’est-à-dire de l’appareil intestinal ; 3o par une lésion des centres ou des conducteurs nerveux qui actionnent le mécanisme de la digestion ; 4o par une modification anormale particulière du moi cérébral, que nous avons vu être relié par un double rapport, à la fois actif et passif, à tous les points de la vie végétative. Et, en effet, il a été reconnu