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du problème axiologique. La seconde représente l’agnosticisme (agnosticismus) axiologique ou théorie axiologique de l’ignorance. Toutes deux affirment dogmatiquement l’impossibilité d’une axiologie, et sont dans la même mesure un dogmatisme axiologique négatif. À ces deux théories s’oppose le dogmatisme axiologique positif de la cinquième opinion, qui, en tant que dogmatisme, est formellement positif, quel qu’en soit, d’ailleurs, le résultat à venir. Entre ces deux dogmatismes axiologiques, l’un formellement négatif, l’autre formellement positif, la troisième et la quatrième opinion occupent une position moyenne. Pour ne pas tomber dans le dogmatisme, la troisième préfère renoncer à tout résultat, s’arrête au non liquet comme à la position la seule conforme à l’état actuel des choses, et tombe ainsi dans un scepticisme qui est tout aussi infécond que le dogmatisme formellement négatif. La quatrième opinion évite tout dogmatisme aussi bien que tout scepticisme, car elle essaye, par un examen judicieux, de voir jusqu’à quel point elle est capable de pousser l’approximation et peut par suite être nommée criticisme axiologique.

C. — Division de l’axiologie d’après les résultats.

Puisque la réduction à l’absurde, le dogmatisme formellement négatif et le scepticisme axiologiques ne fournissent aucun résultat, il ne reste plus, pour la division d’après les conséquences, que le dogmatisme formellement positif et le criticisme axiologiques. Le premier, qui prétend posséder des résultats d’une certitude apodictique, tend d’un côté à admettre le zéro absolu de la valeur ou à affirmer que toutes les valeurs dans l’univers tournent autour du zéro et que l’ensemble du monde a la constante et éternelle grandeur zéro ; d’un autre côté, elle tend à admettre des extrêmes absolus aussi bien dans le sens positif que dans le sens négatif, c’est-à-dire à affirmer que la valeur de l’univers est toujours un maximum positif ou négatif. Nous pouvons dire de la première théorie qu’elle est un indifférentisme axiologique, et des deux autres qu’elles sont un optimisme ou un pessimisme absolus (superlativen). Telle qu’elle a été étudiée, par exemple, par Kant dans sa brochure intitulée : Versuch, den Begriff der negativen Grössen in die Weltweisheit einzuführen. 1763, et par Haller[1], la première théorie affirme dogmatiquement que toutes les valeurs positives et négatives dans l’univers se compensent sans cesse, et qu’à un excédent sur un point donné doit

  1. Tout en tous. Métalog. Métaph. de Louis Haller. Berlin, chez C. Dunkers, 1888.