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é. de hartmann. — l’axiologie et ses divisions

un écho. L’axiologie téléologique s’étend à toutes les sphères de l’existence comprises dans le processus du monde phénoménal et capables d’un progrès, d’un arrêt ou d’un recul. Un être universel unique répugne, en général, aussi bien au développement qu’à l’altération de l’essence. Cependant des modifications d’état (zuständliche), particulièrement celles de la sensibilité, lui seraient possibles, et l’unité de mesure téléologique y trouverait son application, en tant que le processus de l’univers serait considéré comme le moyen nécessaire à l’être universel pour son passage d’un état à l’autre (par exemple, de l’indifférence à la félicité, d’un bonheur moindre à un bonheur plus grand, du malheur à l’indifférence, etc.). L’unité esthétique ne peut être appliquée qu’autant qu’il se manifeste des phénomènes de sensibilité ; l’unité morale, que dans la mesure où le permet une opposition entre différentes personnalités morales ; l’unité religieuse, que dans le cas où une relation religieuse est possible entre un individu phénoménal, limité et spirituel, comme sujet, et la substance universelle, absolue et spirituelle, comme objet. La première et la seconde unité ne sont donc absolument pas applicables dans l’axiologie métaphysique ; la seconde, à savoir l’unité morale, ne pourra être appliquée à l’être universel que si ce dernier, en tant que personnalité spirituelle, se trouve placé, par opposition et dans des relations morales, au nombre des esprits créés.

Dans les différentes sphères de l’existence, la diversité des résultats axiologiques est dès l’abord fort possible. Les représentants de la théorie des extrêmes et de l’équilibre absolu se plaisent à établir déductivement, dans l’axiologie métaphysique, leurs assertions dogmatiques, et, en partant de ce point, à affirmer leur valeur générale dans tous les domaines de l’être. C’est pourquoi l’optimisme et le pessimisme absolus ont pour champ d’action incontesté la sphère de l’être pur (considéré comme simple ou multiple), et, immédiatement après, les mondes de la croyance actuels, les différents paradis et enfers de l’imagination mythologique. Plus l’axiologie se rapproche du fond solide de l’expérience terrestre, plus les extrêmes se trouvent repoussés, le tout a l’avantage d’un excédent relatif de la valeur ou de la non-valeur, plus encore la lutte des antithèses tend vers une justification plus exacte d’un optimisme ou d’un pessimisme comparatifs. Un criticisme axiologique qui ne monte que lentement et prudemment de l’expérience aux sphères d’existence non expérimentales, devra accorder aussi la préférence, dans ces dernières, à l’optimisme ou au pessimisme comparatifs, dans le cas où ce criticisme, dans son éloignement graduel de la base empirique,