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menhang), 2° les rapports de ce système avec les autres (die geschichtliche Stellung). M. Zeller fait suivre l’exposition de chaque système d’un paragraphe où ces deux points sont spécialement traités.

1. La recherche de l’organisation interne d’un système consiste à en déterminer l’idée directrice et à mettre en évidence le rapport de cette idée avec les diverses parties du système. Et il ne s’agit pas ici de l’idée à laquelle, d’une manière abstraite, peuvent se relier le plus rigoureusement les divers éléments que nous fournissent les textes, mais de celle qui, dans l’esprit même des auteurs, a imprimé le mouvement à l’ensemble.

Le caractère général d’un système est avant tout donné par les termes mêmes dans lesquels s’y trouve posé le problème philosophique. Vient ensuite la méthode suivie, laquelle est le résultat du libre choix qu’a fait l’auteur, parmi les méthodes plus ou moins nombreuses qui étaient de nature à fournir la solution. Ce choix, à son tour, est soumis à l’influence de deux sortes de motifs : les uns psychologiques, tirés de la personne du philosophe et des conditions intellectuelles et morales parmi lesquelles il s’est formé, les autres logiques, tirés des expériences faites antérieurement pour résoudre la question proposée, et de l’insuffisance constatée de telle ou telle méthode possible. Viennent enfin les résultats obtenus, lesquels sont la conséquence plus ou moins rigoureuse de la question posée et de la méthode adoptée.

Par exemple, le stoïcisme[1] est né de l’invention du problème suivant : « fonder la vertu sur la science ». La méthode qu’il adopte consiste à mettre la logique et la physique au service de la morale, en prenant constamment celle-ci pour fin dans les recherches théoriques, et en ayant constamment égard aux résultats des recherches théoriques dans la détermination de la vérité pratique. Les résultats sont, par là même, d’une manière générale, une synthèse de la théorie et de la pratique, de la réalité physique et du bien moral, synthèse qui va jusqu’à l’identification panthéistique ; et, en ce qui concerne spécialement la morale, un effort pour unifier la nature et la raison, la valeur du tout et la valeur de la personne, le bien en général et le bien moral proprement dit : cet effort est, à plus d’un titre, fécond et fructueux, mais rencontre de plus en plus d’obstacles, à mesure que les deux termes sont mieux définis, et aboutit à la formation de deux courants distincts, dont l’un va vers la nature, l’autre vers la raison, l’un vers le cosmopolitisme, l’autre vers l’indé-

  1. III, a, 323 (2e  éd.).