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aujourd’hui une Psychologie de Pomponace composée d’après le commentaire qu’il a trouvé.

Le mémoire de M. Ferri n’a d’ailleurs rien de polémique[1]. Le nom de M. Fiorentino n’y intervient que vers la fin, lorsqu’il est nécessaire de discuter l’opinion de celui-ci sur la prétendue évolution de la pensée de Pomponace entre le Traité de l’immortalité et le Traité de la nutrition. L’ouvrage n’a pas les proportions du livre de M. Fiorentino. L’auteur estime que celui-ci a suffisamment éclairci une grande partie de la doctrine, et se borne à étudier les points qu’il a laissés dans l’ombre ou ceux sur lesquels le commentaire du De Anima lui semble en contradiction avec l’interprétation proposée par son prédécesseur. Ce n’est pourtant pas un recueil d’observations sans lien ; c’est une étude d’ensemble, mais une étude délimitée volontairement à la psychologie ; les grandes questions de l’existence de l’universel de la nature et de la destinée de l’âme, y rentrent encore, mais comme conclusions du travail qui précède : le centre de discussion est le problème de la connaissance à ses divers degrés, les théories politiques, morales, sociales, de Pomponazzi sont écartées. On entre de plain pied dans le sujet après quelques pages sur la doctrine de l’âme dans Aristote, et sur les différents systèmes d’interprétation. Le livre se termine sur Pomponazzi, sans poursuivre la marche de ses idées chez ses disciples ou ses contradicteurs. L’ouvrage gagne ainsi en précision ce qu’il perd en étendue. En réalité, l’étude de M. Fiorentino est beaucoup moins complète sur Pomponace lui-même que le mémoire de M. Ferri. D’ailleurs il va sans dire que ce mémoire serait également insuffisant à faire connaître toute l’importance de la philosophie de Pomponace, s’il n’était précédé du livre de M. Fiorentino. Malgré la polémique, c’est donc moins comme deux interprétations opposées que comme deux parties d’une même interprétation, qu’il faut considérer les deux ouvrages, en tenant compte bien entendu de certaines divergences d’opinion qu’on devra résoudre par l’examen direct des textes.

La méthode de M. Ferri est vraiment historique et ne connaît point les impatiences familières à M. Fiorentino ; voici comment il l’a caractérisée lui-même dans la préface de son histoire :

« Il est avant tout nécessaire que les doctrines philosophiques soient exposées exactement et connues d’une manière précise en

  1. On ne peut en dire autant de l’article dans lequel M. Fiorentino a rendu compte du nouveau travail de M. Ferri. L’auteur y franchit plus d’une fois les limites de la philosophie pure, et mêle trop de considérations personnelles à ses critiques. M. Ferri a refusé de le suivre sur ce terrain. (V. la Filosofia delle scuole italiane, juin 1877.)