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et de Oken, en même temps qu’un disciple de Haeckel, Carus Sterne, dans son livre Devenir et destruction, se rapproche davantage des conceptions de Spinoza.

Les chapitres les plus intéressants pour le philosophe, dans ce second volume de Wigand, sont les chapitres III et IV. Le troisième traite de l’insuffisance radicale de la connaissance empirique et scientifique, et montre très-bien que Haeckel et les Darwiniens confondent la science et la spéculation philosophique. On peut y reprocher cependant l’indécision, l’insuffisance de la critique : Wigand n’analyse pas assez profondément les notions de matière et d’atome. Le quatrième chapitre contient les idées de Wigand sur le difficile problème de la création : mais la pensée de l’auteur trahit son inexpérience du langage et des méthodes de la métaphysique. L’esprit absolu reste chez lui à l’état d’abstraction. Il ne sait pas comme Fichte, Ulrici, Ph. Fischer et Sengler, s’élever au théisme de la spiritualité divine ; ou du moins, avec Weisse, Fechner et Lolze, à une conception panthéistique de la personnalité absolue. Le second volume contient la revue, la critique détaillée, très-instructive, des principaux adhérents du Darwinisme.

Th. Fechner : École préparatoire a l’étude de l’esthétique. Leipzig, 1876. Il est curieux d’entendre sur un tel sujet l’auteur de tant de travaux si divers, l’esprit à la fois méthodique et subtil, vigoureux et chimérique, auquel on doit la théorie des atomes et la psychophysique, le Zend Avesta ou Des choses de l’autre monde, et Nanna ou l’Ame des plantes. Ce livre, qui ne se donne que comme une modeste introduction à l’étude de l’esthétique, est riche pourtant de remarques ingénieuses, d’observations personnelles. On y chercherait vainement sans doute une doctrine nouvelle et complète sur le beau. On y trouve cependant une théorie originale sur le rôle de l’association des idées dans la formation des jugements esthétiques, et des expériences intéressantes sur le rapport des sons et des couleurs.

Paul Janet : Les Causes finales (Paris, 1876).

Le professeur Lasson soumet à une critique très-serrée, mais en même temps très-sympathique, l’ouvrage de notre savant collaborateur. Il conteste tout d’abord la distinction, que cherche à établir Janet entre le principe de finalité et celui de causalité. Le philosophe français paraît dominé par une sorte de peur de la métaphysique. On peut lui opposer non-seulement Hegel, mais Kant, le Kant de la critique aussi bien que celui de l’unique démonstration de l’existence de Dieu.

L’argument dont se sert Janet pour montrer la finalité, à savoir qu’un grand nombre d’éléments hétérogènes ne peuvent donner un effet constant et déterminé, ne paraît pas soutenable à Lasson. Les affaires de la téléologie iraient mal, si son principe ne s’appliquait qu’à ce que les causes efficientes ne suffisent pas encore à expliquer. Le nombre des cas inexplicables mécaniquement importe peu d’ailleurs : il suffit d’un seul pour que les finalistes aient raison. On doit encore objecter à Janet qu’il laisse le problème du mal presque entièrement