Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome I, 1876.djvu/170

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d’une machine, une énergie spécifique différente de celles que possèdent les autres roues, bien que sa position dans le système produise un résultat spécial.

Après ces préliminaires, ouvrons la Physiologie de Müller et voyons l’exposition qu’il donne de sa théorie.

« Une cause interne uniforme, qui agit dans tous les nerfs des sens de la même manière, c’est l’accumulation de sang dans les vaisseaux capillaires des nerfs, dans la congestion ou dans l’inflammation. Cette cause uniforme produit dans la rétine, quand les yeux sont fermés, la sensation de lumière ; dans les nerfs auditifs des bourdonnements et tintements d’oreilles, et dans les nerfs de la sensibilité générale, la sensation de douleur. De même une substance narcotique introduite dans le sang détermine dans les nerfs de chaque sens des symptômes particuliers : dans les nerfs optiques, l’apparence d’étincelles lumineuses devant les yeux, dans les nerfs auditifs, des tintements d’oreilles, et dans les nerfs de la sensibilité commune, la sensation de fourmillement.

« La même cause externe fait également naître des sensations différentes dans chaque sens, suivant les propriétés spéciales des nerfs de ces sens. L’influence mécanique d’un coup, d’un choc ou d’une pression, produit, par exemple, dans les yeux des sensations de lumière ou de couleur. Il est bien connu qu’une pression sur les yeux, quand les paupières sont fermées, peut donner lieu à l’apparition d’un cercle lumineux ; la plus légère pression peut faire apparaître des couleurs, et une couleur peut être remplacée par une autre. Une cause mécanique excite aussi dans les nerfs auditifs des sensations particulières ; de là sont venues les expressions proverbiales « faire tinter les oreilles à quelqu’un », ou « lui faire voir trente-six chandelles » ou « le faire sentir », de sorte que la même cause, un coup, produit dans les nerfs de l’ouïe, de la vue, ou du toucher, les différentes sensations propres à ces sens. Dans le langage commun on n’a pas l’habitude de dire qu’un coup détermine une sensation gustative ou odorante ; cependant, une irritation mécanique de la partie postérieure du palais, de l’épiglotte et de la base de la langue produit la sensation de nausée. »

Le Dr  Baly, le traducteur anglais de Müller, ajoute que des sensations gustatives peuvent être produites par une excitation mécanique. Si avec le bout du doigt on touche rapidement, mais d’une façon superficielle, le bout de la langue, de manière à ne pas affecter la substance de la langue mais simplement les papilles, on distingue, on perçoit un goût tantôt acide, tantôt salin ; et la sensation ainsi produite dure quelques secondes. J’ai souvent éprouvé qu’un gar-