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horwicz. — développement de la volonté.

nullement pour l’ordinaire à faire un voyage. De telles personnes ressentent bien le désir plus ou moins vif de goûter une fois elles-mêmes ce plaisir de voyager qu’elles connaissent par ouï-dire ou par leurs lectures. Mais nous éprouvons un grand nombre de ces désirs sans qu’ils nous excitent d’une façon particulière ; nous nous souhaitons un million, un rang élevé, de l’influence, etc. ; en un mot nous faisons un grand nombre de souhaits innocents.

Que faut-il pour transformer le souhait innocent en un désir ? Il faut amoindrir la distance qui nous sépare de ce qui en est l’objet, et cela peut avoir lieu de deux manières, d’abord par l’accroissement du désir : par exemple dans notre cas, si l’ennui causé par un travail pénible augmente tous les jours, si le médecin recommande le voyage d’une façon de plus en plus pressante ; ainsi le souhait devient graduellement de plus en plus vif, nous occupe et nous excite toujours davantage. En second lieu il faut que nous voyions la possibilité de réaliser notre souhait. Dès que cette réalisation ne nous apparaît plus comme un rêve lointain, comme une impossibilité, nous sommes entrés dans une nouvelle phase importante, dans celle de la réflexion. La réflexion est d’abord un doute, ensuite une tendance de plus en plus prononcée vers la détermination, jusqu’à ce qu’elle trouve son expression dernière dans la résolution. Ainsi le souhait s’est transformé en désir, tendance, volonté ; cette dernière est mise en exécution. Mais il y a encore un préliminaire à cette série de phénomènes. Avant que nous puissions désirer un objet, il faut le connaître. Or cette phase qui précède le désir, c’est-à-dire le sentiment associé au souvenir, nous la nommons appétit. En conséquence, nous distinguons dans le développement de la volonté les principales phases suivantes, que l’on peut encore subdiviser en phases : 1o l’appétit ; 2o le désir ; 3o la réflexion (tendance, aspiration) ; 4o la volonté. Nous allons les considérer successivement.

I. — Appétit.

L’appétit est la forme première et en même temps la plus générale du désir ; car tous nos souhaits, désirs, manifestations de la velouté reposent en dernière analyse sur des appétits, sont des appétits plus développés. C’est pourquoi on peut parler aussi bien d’instincts nobles et élevés que d’instincts grossiers et brutaux. L’instinct est ce qui nous excite, il découle directement de la sensation du plaisir ou du déplaisir, puisqu’il tend uniquement à retenir ce qui