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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


PHILOSOPHISCHE MONATSHEFTE


Tome XI. 10e livraison. (Dernier numéro de l’année 1875.)

M. Drossbach. Recherches sur la possibilité de percevoir les phénomènes et l’impossibilité de percevoir l’essence. — Selon l’auteur, tant qu’on soutient que les phénomènes peuvent être perças et que les causes ne peuvent pas l’être, on ne peut expliquer leur succession nécessaire. Critique de Hume qui ne peut dériver le concept de cause de l’expérience parce qu’il pose mal la question. Il est inexact de soutenir que le phénomène est ce qu’on perçoit et la cause ce qu’on induit, les deux nous donnés comme se supposant réciproquement. C’est dans la perception des causes que consiste la véritable expérience. — Étant posé que la perception sensible est la base de toute pensée, le but de l’article est de chercher ce que nous percevons. D’après l’auteur, c’est l’essence (Wesen). Nous la connaissons, quant à sa nature, comme force agissante ou sentante, quant à sa forme, comme temps ou espace infini. — Cette thèse, comme le fait remarquer M. Drossbach, est diamétralement opposée à celles soutenues jusqu’à ce jour, car empiriques, réalistes, idéalistes et subjectivistes partent tous de ce principe que nous percevons le phénomène, mais que la réalité ou l’essence ne peut être perçue.

A. Meinong. Caractéristique de la philosophie du sentiment (Gesinnungs philosophie) à l’époque actuelle. Ce travail est consacré à l’Histoire de la philosophie de Dühring, dont nous avons déjà parlé (voir page 108.) Nous avons vu que, d’après Duhring, la philosophie repose sur deux choses : le savoir et le vouloir. Le sentiment précède les recherches philosophiques et est à son tour vivifié par leurs résultats. Socrate et Giordano Bruno sont les deux types les plus accomplis de cette philosophie. — Le critique montre les dilficultés inhérentes à cette façon de comprendre l’hisioire qui se réduit à admirer surtout dans un philosophe « la noblesse du caractère », car s’il s’agissait simplement du zèle scientifique en général, ce serait la caractéristique de tout savant et non plus du philosophe en particulier. De là, chez Dühring, des jugements aigres contre certains hommes, en particulier Leibniz « philosophe d’occasion » dont la vie tout entière montre qu’il manqua de ce sentiment vivifiant.