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« Pour le facteur 7, il ne peut être admis qu’à l’état de passage, à l’état transitoire ; il doit se porter vers un autre plus simple. Il y a là un ressort, une force expansive, qui fait penser à la force expansive des gaz. C’est l’intervalle gazeux.

« Il ne faudrait pas pourtant trop presser ces comparaisons. » Que viennent faire ces considérations dans l’Aperçu d’une nouvelle logique ?

T.

A. Matinée. Platon et Plotin. Étude sur deux théories philosophiques. Paris, Hachette et Cie, 1879.

L’auteur de ce petit livre se propose de rechercher, après tant d’autres, la véritable signification de la théorie platonicienne des idées. Nous n’oserions dire que son interprétation est définitive ; du moins a-t-elle le mérite d’être assez nouvelle et de s’appuyer sur une sérieuse étude des textes.

Dans le premier chapitre, M. Matinée examine les principales opinions de la critique contemporaine sur la dialectique et la théorie des idées. On sait que, pour V. Cousin, la dialectique n’est qu’un procédé logique et ne peut donner que des abstractions de plus en plus générales, au-dessus desquelles, par une singulière inconséquence, se trouverait placé un Dieu réel et vivant, le Bien. M. Matinée n’accorde pas que la dialectique soit à ce point arbitraire ; il se demande en vertu de quel privilège, l’idée du Bien aurait seule, dans une hiérarchie de simples concepts, la valeur d’un principe ontologique. M. J. Simon n’est pas davantage dans le vrai, en soutenant que Platon, fidèle jusqu’au bout à son maître Parménide, absorbe toutes les idées, par suite toute réalité et toute pensée, dans l’unité vide et morte des Éléates. Nul, au contraire, n’a mieux signalé que Platon l’insuffisance et les contradictions de la méthode et du système éléatiques.

D’accord avec M. Janet, M. Matinée voit dans la dialectique platonicienne « un mouvement ontologique qui va d’être en être et qui ne prend fin qu’à l’être par excellence. La généralisation, qui part de l’abstrait et qui s’en nourrit, aspire sans cesse après un plus indéterminé. La dialectique part du réel, atteint le parfait et cherche toujours un plus haut degré de perfection. La première aboutit à l’unité morte, la seconde à la plénitude de l’être. » Il s’ensuit nécessairement que l’idée, produit d’une telle méthode, n’est pas un genre, mais un type, qu’elle exprime non pas simplement ce qui appartient en commun à plusieurs êtres, mais l’essence idéale de chaque être, la perfection même du genre.

Mais alors de nouvelles difficultés surgissent. Quelle est au juste la condition de ces essences supérieures ? Quelle est leur mode d’existence ? Sont-elles en Dieu ou hors de Dieu ? Dans l’un ou l’autre cas, quelles relations soutiennent-elles avec le principe suprême ? M. Ma-