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l’homme, c’est de vivre en harmonie parfaite avec les principes de la nature de l’homme, et, comme celle-ci est dérivée de Dieu, l’Être divin peut être véritablement regardé comme le critérium réel de la conduite morale. » La pureté, la sainteté sont les caractères d’une telle conduite, qui implique à la fois les vertus négatives et les vertus positives, la justice et la bienveillance, et, conduisant l’individu à la perfection, ne peut manquer d’assurer par là même le bonheur de l’espèce. Mais la valeur utilitaire des actions ne saurait suffire ; il faut encore qu’elles aient une valeur morale par l’intention, et cela n’est possible que si l’on reconnaît que la moralité est le produit de l’évolution de l’idée divine dans l’homme sous les conditions qui lui sont imposées par sa vie présente, évolution qui ne sera achevée que quand la partie supérieure de l’être humain se sera montrée victorieuse dans le conflit qu’elle soutient toujours avec les influences malfaisantes de l’existence matérielle. Par le progrès de la race dans la culture générale, ces influences deviendront à mesure plus faibles, les facultés de l’âme atteindront graduellement leur plein développement. A cette époque, la révélation de Dieu dans l’homme sera permanente, et les enseignements de la conscience fourniront un principe infaillible de conduite vertueuse. « La perfection morale, c’est donc l’illumination interne de l’âme humaine, aussi parfaite que le comporte notre nature, accompagnée de la pratique complète de toutes les obligations morales que les lois de cette nature exige, sans aucune préoccupation des conséquences agréables qui résultent de l’action vertueuse. Peut-être cette perfection ne sera-t-elle jamais atteinte par la race humaine pendant son existence terrestre, et faut-il l’espérer pour un état futur d’immortalité, destinée réservée sans doute plutôt à l’individu qu’à la race. »

Ces vues, on en conviendra, sont trop vagues pour pouvoir être utilement discutées. Terminons en souhaitant que, dans une prochaine édition, M. Wake reprenne et développe en l’appuyant de quelques preuves l’exposition de sa théorie personnelle. Il donnera ainsi à son important ouvrage un couronnement philosophique qui lui fait peut-être un peu défaut.

Y.

H. Girard. — La philosophie scientifique.Science, art et philosophie. — Mathématiques, sciences physiques et naturelles, sciences sociales, art de la guerre. — Un volume gr. in-8 de ix-406 pages. — Paris, J. Baudry. Bruxelles, G. Muquardt. — 1880.

I. — L’auteur est un officier du génie belge, qui professe l’art militaire et la fortification et s’est déjà fait connaître par des ouvrages techniques estimés. Il publie aujourd’hui sur la philosophie des sciences, non pas un traité, mais un discours, qui s’adresse, en dehors des formules d’école, « à tous les travailleurs de la pensée, » et qui, à notre avis, mérite le meilleur accueil.