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luent depuis longtemps dans la conscience humaine, dont la volonté n’est qu’une forme, et dans le cours d’innombrables générations, elles ont mis à la portée de cette conscience quelque condition de sa propre amélioration. Il est d’ailleurs plus encourageant de penser que la nature concourt à cette œuvre que de penser que nous avons à lutter seul contre une fatalité qui nous enserre. Fate involves amélioration, dit Emerson : l’auteur conclut comme lui.

Mac Coll. Le raisonnement symbolique. — On peut dire que ce mode de raisonnement est au raisonnement ordinaire ce que le travail des machines est au travail manuel. L’auteur se rattache à l’école de logiciens représentée par Boole, Stanley Jevons, Ellis, etc. Il donne un résumé de ses travaux qu’il a exposés au long dans les Proceedings of the London mathematical Society. « Mon système, dit-il, a beaucoup en commun avec ceux de Boole et Jevons ; mais il a été conçu et développé d’une manière tout à fait indépendante des leurs, et les différences qui nous séparent sont fondamentales et importantes ».

Parmi les comptes rendus dans ces deux numéros, nous signalerons : Guyau, La morale d’Épicure par H. Sidgwck, et Fouillée, L’Idée moderne du droit par le même.


THE JOURNAL OF SPECULATIVE PHILOSOPHY.
October 1879 — January 1880.

Payton Spence. Le temps et l’espace considérés comme négations. — Une négation est l’absence de quelque réalité objective ou subjective, une affirmation étant, naturellement, la réalité objective ou subjective elle-même. Il est évident qu’une négation doit éveiller dans la conscience simplement l’absence de l’affirmation correspondante, et rien de plus (ex. ténèbres et lumière, mouvement et repos, etc.). Une négation ne doit pas être considérée comme un rien ; car, si cela était, toutes les négations pourraient être considérées comme équivalentes entre elles, à savoir comme équivalentes toutes à rien, et une négation pourrait être substituée à une autre dans le processus de la pensée : ce qui n’est pas. Une négation n’a donc qu’une valeur relative, qui est déterminée par son rapport avec une affirmation.

Si par l’imagination nous rayons de l’existence les deux éléments cosmiques, la matière et l’esprit, il ne reste que leur absence ou leur négation. Or les résidus mentaux que nous trouvons dans la conscience, en supposant la matière et l’esprit anéantis, c’est l’espace et le temps. Dans ce cas, nous ne pouvons par aucun effort les chasser de la conscience, parce que, comme toutes les véritables négations, elles ne peuvent être chassées que parleurs affirmations.

Examinons maintenant d’une manière distincte l’espace comme négation de la matière, le temps comme négation de l’esprit.