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VUES SYNTHÉTIQUES

SUR LA SOCIOLOGIE



I

La sociologie positive et la philosophie de l’histoire.
Synthèse de la causalité et de la finalité dans l’ordre social.

Après avoir, dans des études antérieures, exploré en divers sens le domaine de la science sociale, nous croyons qu’il n’est pas inutile de jeter maintenant un regard en arrière pour mesurer le chemin parcouru et marquer les points culminants que nous avons pu atteindre[1]. Toute vue d’ensemble a l’avantage de faire mieux apprécier les principes, la méthode, les conclusions d’une science, et de rendre plus facile ce que Kant considérait comme de première nécessité : « l’orientation de l’esprit au milieu des diverses doctrines. »

La sociologie positive est d’hier, et, comme toute science naissante, elle se dégage avec peine des hypothèses métaphysiques ou religieuses. Elle est née en effet d’une étude en grande partie mythique ou poétique : je veux parler de la philosophie de l’histoire telle que les métaphysiciens ou les théologiens l’ont d’abord conçue, et qui est à la sociologie positive ce que l’alchimie fut à la chimie, l’astrologie à l’astronomie. Dans cette philosophie de l’histoire, la méthode ordinairement employée est la méthode à priori, dont

  1. Voir la série d’études que nous avons publiée dans la Revue des Deux-Mondes en 1879 et 1880. Ces études se retrouveront, avec des additions notables, dans un volume prêt à paraître sur la Science sociale contemporaine. Ceux de nos lecteurs qui ont bien voulu prendre connaissance de nos précédentes recherches sociologiques nous permettront d’en résumer ici et d’en systématiser les idées essentielles ; les autres, de nous en tenir aux vues les plus générales et de renvoyer pour les détails à notre livre sur la Science sociale, auquel les pages qu’on va lire serviront de conclusion.