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jugements critiques de l’auteur, on y lira avec profit un historique très attachant de la physiologie du système nerveux.

G. Barzellotti (La critique de la connaissance et la métaphysique d’après Kant) expose la filiation des doctrines dans l’École de Kant, et comment Fichte, imitant la déduction des catégories tentée par son maître, chercha à réduire à un seul principe toute la connaissance, forme et matière, bref à construire toute la science à priori. Fichte est à Kant ce que Spinoza est à Descartes. Mais il n’achève pas le mouvement qu’il inaugure, et la doctrine n’atteindra son unité absolue qu’avec Hegel.

L. Ferri raconte dans un article des plus intéressants les trois premières années d’une enfant qu’il a observée de très près jour par jour. Il ne prétend pas « avoir dit des choses nouvelles et extraordinaires ; il croit seulement avoir confirmé par ses observations quelques vérités psychologiques, celles-ci entre autres : que l’intelligence existe dans un enfant et s’exerce dans une sphère mesurée au degré d’expérience dont cet enfant est capable avant l’usage d’aucune notion abstraite ; que l’intelligence humaine, alors qu’elle n’est fondée que sur les associations sensitives communes à l’homme et à l’animal, consiste essentiellement en une activité intuitive qui distingue et unit, affirme et nie le rapport soit des sensations, soit des choses, et ne se borne pas à une réception passive d’associations correspondantes » ; que l’intelligence ainsi entendue se sert du langage, mais le précède et le domine ; que le sourire et la plaisanterie, en tant qu’expressions de la sociabilité et de la sympathie, communiquent aux premières manifestations de cette intelligence un caractère propre qui la différencie de l’intelligence animale ; que la vie intérieure delà connaissance se répand sur le dehors avant de pouvoir se replier au dedans, ou plutôt que les deux aspects de notre vie (objectif et subjectif) se confondent pendant un certain laps de temps, deux années environ… résultats favorables, dit Fauteur, au spiritualisme.

Quelques-uns de ces résultats peuvent être contestés ; ce qui ne le sera pas, c’est l’ensemble de faits précis renfermés dans cette étude. Nous signalerons les principaux : que l’enfant exerce ses organes sensoriels, la vue notamment, pour le plaisir de les exercer, indépendamment des besoins alimentaires ; que l’intelligence se manifeste dès les premiers mois par l’acte de distinguer et d’unir, et que pendant longtemps cette manifestation la plus simple semble la constituer tout entière ; que la distinction des différentes parties du corps se fait de même progressivement et marche de pair avec l’adaptation des mouvements musculaires (une mouche étant posée sur la joue droite, la main est portée sur la joue gauche pour la chasser) ; que la notion de la distance est liée à celle de l’espace parcouru (vers le septième mois) ; que les sensations relatives aux objets ou les sons entendus simultanément à leur perception sont signes de ces objets et servent suffisamment à les représenter avant que l’organe vocal soit capable de proférer lui-