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périodiques. — La filosofia delle scuole italiane.

d’ailleurs avec une remarquable impartialité un ouvrage où il n’est question que de ses adversaires. Il accepte sous certaines réserves les vues dogmatiques présentées dans l’Introduction et déclare que dans le cadre indiqué par M. Espinas tous les partisans de la philosophie naturelle peuvent se mouvoir avec aisance. — Le socialisme, le darwinisme et la sociologie moderne, par P. Siciliani. Conciliation des doctrines de l’évolution et des postulats de la politique libérale.

Février. — Un article important de M. Mamiani sur la philosophie française contemporaine, à l’occasion du livre de M. Janet qui porte ce titre, signale à notre attention cette dernière livraison de la Revue. En ce qui concerne le livre de M. Janet, sans dissimuler que le tableau ne lui paraît pas complet, M. Mamiani rend hommage à la clarté, au charme, à l’impartialité, à la résolution courtoise des analyses critiques qui s’y trouvent, réunies ; il parcourt la carrière philosophique de l’auteur et applaudit surtout à son ouvrage sur les Causes finales. Mais, dans son jugement sur la philosophie française en général, l’illustre comte est sévère ; à l’entendre, même avant les infortunes de 1852, la philosophie de Cousin n’a jamais déployé un essor vigoureux ; « il n’est sorti des éclectiques, ni de leurs adversaires, aucune de ces théories auxquelles les hommes studieux sont tenus de consacrer beaucoup de temps. C’est des éclectiques que provient cette sorte de philosophie, plus éclatante que solide, qui, se payant d’un petit nombre de généralités vagues sur les plus grands problèmes des sciences rationnelles, aboutit à une littérature ornée de philosophie populaire. » Kant n’a jamais été que peu compris en France. « Renouvier, kantiste rigoureux, compte à Paris peu d’adhérents. Le positivisme est responsable, par son attachement aux phénomènes, par son opiniâtreté à étudier les apparences extérieures et son dédain de la réalité absolue, telle que la conscience la révèle, du divorce prolongé qui sépare eh celte partie du siècle la science et la philosophie. » En somme, malgré l’incontestable réveil qui se manifeste dans la philosophie française depuis 1870, réveil dont la tendance à l’unité systématique, l’accord croissant des sciences entre elles et avec la philosophie est le signe le plus certain, les Français sont un peuple dépourvu de fécondité et de spontanéité spéculative. Ils sont trop prompts à l’action, trop tendres aux séductions du commerce social, trop troublés par les orages d’une vie politique toujours incertaine. La méditation philosophique veut plus de désintéressement, plus de concentration et plus de calme. — Avons-nous besoin de dire que ce tableau de notre état philosophique est plein de lacunes et que, pour ne parler que d’une école, M. Mamiani omet ceux qui l’intéresseraient le plus sans doute d’entre nos philosophes, les idéalistes ! Mais il est difficile de connaître du dehors l’état complexe de la pensée philosophique dans une nation, surtout dans un moment de crise où cette pensée se renouvelle ; et nous savons gré à M. Mamiani de la manière toute favorable dont il parle de la Revue philosophique et des efforts qu’elle fait pour imprimer un caractère scientifique aux recherches sur la vie psychique et sociale.