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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES



F. Paulhan. — Physiologie de l’esprit, avec 10 fig. dans le texte. In-32, 185 p. Paris, Germer Baillière. (Bibliothèque utile.)

Ce livre est le premier qui se soit proposé d’exposer brièvement, sous une forme simple et accessible à tous, les principaux résultats de la psychologie contemporaine. À ce titre, il mérite d’être signalé avec éloges, et j’espère que les lecteurs ne lui manqueront pas. Il est difficile en effet d’admettre que les faits dont la psychologie s’occupe n’intéressent pas un peu tout le monde. Le mécanisme des sensations, de l’imagination, de la mémoire, des passions et tout ce qui s’y rattache est aussi intéressant à connaître que celui de la circulation et de la respiration ; si les études de cet ordre sont restées jusqu’ici renfermées dans un cercle assez restreint d’hommes instruits ; si la grande masse du public paraît s’en être désintéressée, la faute en est non aux lecteurs, mais aux auteurs. Au lieu d’exposer ce qu’on peut savoir, ceux-ci ne cherchaient que ce que l’on ne peut trouver. La métaphysique n’est pas destinée à devenir populaire, et jusqu’à nos jours la psychologie n’a guère été qu’une forme non déguisée de la métaphysique. Or, tout le monde n’a pas le temps nécessaire pour lire de longues et stériles dissertations sur l’âme, pour s’engager dans l’interminable polémique des spiritualistes et des matérialistes. Quelques pages bien simples sur le sens du toucher ou sur l’association des états de conscience seraient d’un plus grand profit. Si la physiologie, au lieu de décrire les fonctions vitales et les phénomènes qui les constituent, consacrait la plus grande partie de son temps à discuter sur la vie (son problème de l’âme), à rechercher le principe vital, à comparer entre eux l’animisme, le vitalisme, le dynamisme, le duodynamisme, etc., elle encourrait bien vite une défaveur méritée, et elle n’aurait plus d’attrait que pour un petit nombre de curieux.

M. Paulhan a très bien compris que, dans une exposition populaire, il faut bannir le superflu. Parler du nécessaire est déjà une tâche bien assez lourde. L’auteur s’en est tiré avec honneur. Il a une connaissance solide des travaux contemporains (Bain, Spencer, Maudsley, Taine, Wundt, etc.), et c’est d’eux seuls que son travail est inspiré. À part une critique que je lui ferai plus loin, la composition de son petit volume me parait très bonne.