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périodiques.Philosophische Monatshefte.

permis d’espérer dans la grâce et la bonté de Dieu. — Le second essai est comme la continuation du premier : l’auteur y combat l’athéisme de certains savants. Au nom de la récente théorie de l’entropie, il montre qu’on ne peut soutenir l’éternité de la matière et de la force, et que le monde n’est que par métaphore assimilable à un organisme. Ni l’anthropomorphisme religieux, ni les exemples toujours rares d’athéisme sérieux ne prouvent contre l’évidence de Dieu. Le théisme s’abritera toujours avec confiance derrière les grands noms de Newton et de Kant.

L. Stern : La philosophie et l’anthropogènie du professeur Ernest Hæckel. Berlin, Grieben, 1879. Partisan des théories de Darwin et de Haeckel, Stern conclut l’exposé qu’il en présente dans les trois premiers chapitres par une condamnation sommaire de la téléologie. Mais la suite de l’ouvrage contredit formellement les prémisses posées. L’auteur cesse de croire que la finalité puisse être absente de l’explication générale du monde, et la conscience ne lui paraît plus réductible au mécanisme cérébral.

Theod. de Varnbüler : Huit essais d’apologie en faveur de la raison humaine. Leipzig, Weigel. 1878. Ces huit essais sont comme l’introduction d’un grand ouvrage que l’auteur prépare et ou il se propose d’apporter au monde une nouvelle et définitive philosophie. La doctrine qu’ils annoncent ne fait, au fond, que poursuivre la conciliation, tant de fois tentée, de la science moderne et de la croyance chrétienne au sein d’une philosophie compréhensive. Le point de vue de l’auteur est celui de l’idéalisme absolu. Varnbüler professe l’identité de la raison humaine et de la raison divine, et soutient que la nature se résout en esprit. Tout cela est moins nouveau qu’il ne le dit.

Gustave Teichmueller : Sur l’ordre de succession des dialogues platoniciens. Leipzig, Kœhler. 1879. Teichmüller, l’auteur de tant d’études estimées sur la philosophie grecque, distingue, d’après un passage du Thèètète (143, c), deux époques dans la composition des œuvres de Platon, une d’exposition continue (diégématique) et une essentiellement dramatique. Il part de là pour répartir les dialogues en deux groupes : le Phèdon, la République, le Banquet, l’Euthydème, le Charmide et le Protagoras composent le premier groupe, dont font partie les dialogues composés avant le Thèètète. Le second groupe comprend les dialogues de la période postérieure, le Cratyle, le Sophiste, le Politique, le Phèdre, le Philébe, le Mènon et le Gorgias, de même que le Parmènide, le Timée et les Lois. On peut rendre justice à l’importance du critérium découvert par Teichmüller pour le classement des écrits de Platon, sans croire que l’application en comporte une rigueur parfaite. Le résultat le plus précieux et le plus incontestable du travail de Teichmüller, c’est la démonstration définitive d’une vérité déjà pressentie par les érudits, à savoir que la République est antérieure au Thèètète. On lui contesterait non moins difficilement que le Gorgias est postérieur à la République, et que le