Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/616

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
606
revue philosophique

que indéchiffrables. On peut en dégager cependant cette idée assez vague que les métaux sont composés de trois substances fort mal définies, le sel, le soufre et le mercure, sans qu’aucun alchimiste ait spécifié quel rapport les métaux eux-mêmes et leurs trois principes pouvaient avoir avec les éléments aristotéliques. Kunckel et Beccher, à la fin du xviie siècle, ont commencé à distinguer plusieurs sortes de terre, la terre vitrifiable, comme le sable, la terre calcaire, comme le marbre, la terre mercurielle, qui, d’après Beccher, était essentielle aux métaux et à d’autres corps, comme l’acide marin (HCl).

On ne connaissait guère, à cette époque, qu’un seul procédé d’analyse, qu’on appliquait principalement aux matières végétales et animales. Il consistait à pousser au feu, dans une cornue, le corps à examiner. On en retirait des doses plus ou moins fortes de phlegme, d’esprit, d’huile et de sel concret et on trouvait dans la cornue un caput mortuum charbonneux et terreux. Le docteur Haies, le premier, eut l’idée de recueillir et de mesurer l’air qui se dégage pendant la distillation sèche, et ce fut l’origine des brillantes découvertes de Priestley, Black, Lavoisier, etc. Le phlegme, l’esprit, l’huile et le sel étaient regardés comme les principes prochains des corps, comme des espèces de principes composés.

Stahl a donné une plus grande extension à cette théorie des principes composés. C’est à lui qu’on doit la grande idée du phlogistique composé de l’élément igné et de l’élément terreux. D’après lui : 1° les corps combustibles (et les métaux qui sont combustibles) contiennent le principe de l’inflammabilité, c’est-à-dire le phlogistique ; 2° le phlogistique est composé de l’élément terreux et de l’élément igné ; 3° le phénomène de la combustion est le dégagement du phlogistique, qui se transforme en feu libre à mesure qu’il s’élimine ; 4° le phlogistique peut se transmettre d’un corps à l’autre : ainsi, lorsqu’on chauffe une terre métallique avec du charbon, cette terre métallique se réduit en métal, et le charbon disparaît, c’est-à-dire que son phlogistique a été transmis à la terre métallique, en formant un nouveau corps combustible, le métal. À l’exemple de Tachenius, Stahl insista aussi sur l’existence dans tous les sels neutres du principe acide et du principe alkali, composés tous deux de terre et d’eau, unis en proportions différentes par l’intermède du phlogistique.

Relativement à l’élément air, considéré comme simple jusqu’au milieu du xviiie siècle, on ne tarda pas à montrer par diverses expériences qu’il existait plusieurs corps aériformes. À ce moment, deux opinions prirent naissance. Celle qui paraît avoir compté le plus d’adhérents était la suivante. Les fluides aériformes ne sont que l’air