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JOLY.la sensibilité et le mouvement

dominés en importance par ceux du mouvement et de la nutrition[1].

Lorsqu’on arrive aux paralysies d’origine cérébrale, les controverses sont plus embrouillées. Pourtant il semble bien établi que là l’anesthésie est encore moins accusée que dans les paralysies d’origine spinale et qu’elle y a moins d’importance. On va jusqu’à dire que la sensibilité y est ordinairement conservée, excepté quelquefois au début de l’attaque et dans les quelques heures qui la suivent[2]. Plus tard on ne remarque guère qu’un certain ralentissement dans la transmission des impressions sensitives et souvent un peu d’hyperesthésie liée à l’irritation des parties voisines du foyer malade.

On sait qu’il est des lésions cérébrales, provenant d’hémorrhagies, tumeurs, ramollissements, qui affectent profondément la motilité. « La doctrine classique, écrit M. Charcot[3], veut que les lésions soient sans influence sur la sensibilité du sujet. » Et » Et il est de fait, ajoute-t-il, que quoiqu’à la paralysie du mouvement s’ajoute alors la paralysie des vaso-moteurs, la sensibilité n’en est pas modifiée d’une manière appréciable et surtout d’une manière durable. Il est vrai qu’à côté de ces cas qui sont de beaucoup les plus nombreux, on en cite un très petit nombre où la sensibilité est affectée d’une manière prédominante et dans lesquels l’anesthésie persiste, même après la restauration du mouvement[4]. Mais alors même, le mal n’est point égal des deux côtés.

Dans les paralysies qu’on appelle psychiques, parce qu’elles sont amenées par des causes morales, telles que la frayeur, la contagion…, l’anesthésie prend aussi plus d’importance[5] ; et très souvent dans l’hystérie ce sont de même les désordres de la sensibilité qui dominent[6]. Ils dominent d’ailleurs dans la plus grande partie des maladies qu’on appelle névroses et qui probablement n’atteignent que la région périphérique du système nerveux. Ils dominent encore dans la névropathie cérébro-cardiaque où tout le système sensitif est en proie à une perversion générale, tandis que les symptômes relatifs à la motilité n’apparaissent que comme des accidents tout secondaires.

Enfin dans l’ataxie locomotrice, il a semblé à beaucoup d’auteurs

  1. Gilbert Ballet, art.  sensibilité dans le Dictionnaire Juccoud. Voyez Rendu, Thèse d’agrégation, pag.  51.
  2. Dictionnaire Jaccoud, art.  paralysie.
  3. Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux, professées à la Salpétrière, tome II, pages 307 et suivantes.
  4. Ibid.
  5. Voyez Lober, Thèse d’agrégation, 1886.
  6. Voyez une leçon de M. Charcot dans la Semaine médicale du 31 mars 1886.