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4o Qu’on décrive également la nature de l’intelligence de l’expérimentateur (si elle se sert principalement des images, des paroles, ou des mouvements intérieurs ; si la pensée peut être soutenue longtemps et de quelle façon, etc.), et les incidents psychiques durant les essais ;

5o Qu’on cite, aussi exactement que possible, les conditions extérieures des expériences.

III. Expériences de suggestion mentale vraie.

Je crois pouvoir dire que toutes les précautions indiquées ont été prises dans une série d’expériences commencées l’année dernière et continuées pendant onze mois. Elles feront l’objet d’un livre qui doit paraître prochainement, et ici je me bornerai à en citer quelques-unes à titre d’exemples.

6o série transmission de la volonté. Le sujet, Mlle M… a, âgée de vingt-sept ans, forte et bien constituée ; apparence d’une santé parfaite. Hystéro-épilepsie très grave et ancienne, basée sur des influences héréditaires très fortes. Outre les attaques, accès d’aliénation. Une seule zone hystérogène au-dessous de la clavicule gauche ; pas d’anesthésie ; une zone délirogène à l’occiput droit, à l’endroit de la fosse occipitale supérieure. La pression ovarienne arrête l’attaque.

À l’hypnoscose on constate :

1o Insensibilité ;

2o Contracture du bras entier ;

3o Il n’y a aucune sensation subjective.

Sensible à l’étain, puis à l’acier, mais aussi à d’autres métaux à des degrés moindres, différents et inconstants. Tempérament actif et gai, uni à une extrême sensibilité intérieure, c’est-à-dire sans signes extérieurs. Caractère véridique, bonté profonde, tendance au sacrifice. Intelligence remarquable ; sens de l’observation ; compassion psychologique, basée sur l’observation inconsciente. Par moment : manque de volonté, indécision pénible, puis une fermeté exceptionnelle. La fatigue intellectuelle, et surtout une impression inattendue, même de peu d’importance, agréable ou pénible, se porte (lentement) sur les vaso-moteurs de a tête et produit une attaque, un accès ou un évanouissement nerveux,

Le 2 décembre. La malade repose, comme d’habitude, demi-couchée sur un canapé.

Personne ne s’attend à une expérience quelconque.

Je continue à prendre mes notes, tête baissée, tout le corps immobile, sauf la main droite qui simule l’écriture ; je me trouve à quatre mètres de la malade et en dehors de son champ visuel ; elle a d’ailleurs les yeux fermés et dort, plongée dans un somnambulisme, sans idée et sans mouvement (aidèie paralytique) ; l’habitude, contractée pendant deux mois, semble assurer son « inconscient » qu’on la laissera tranquille au moins un quart d’heure.