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GUARDIA.philosophes espagnols

sommeil qu’opère la vie organique, et pendant la veille, la vie animale, En el sueño obra la natural, y en la vigilia, la animal y intelectiva. Quand on va se coucher, il faut déposer ses soucis en même temps que ses vêtements. Les crudités et les mauvaises digestions viennent, pour la plupart, de ce que, contrairement aux lois de la nature, le cerveau est obligé de travailler lorsqu’il devrait se reposer. Le repos est de rigueur après le repas : repos d’esprit et de corps. Beaucoup de maladies n’ont d’autre cause que la violation des lois du régime.

La douleur locale, à la suite d’un coup, d’une blessure, d’une tumeur, peut avoir les plus fâcheuses conséquences. Comme le cerveau est le centre des sensations, dès qu’une partie du corps souffre, il y envoie ses messagers, ce sont les esprits, et de l’humeur qui gonfle et endolorit la partie, si bien que la mort peut s’ensuivre. Un bon remède de précaution, c’est de mettre une ligature au-dessus du point douloureux, pour couper le chemin à l’humeur. Il y a là une théorie assez singulière de l’inflammation et de la fluxion, sur lesquelles les médecins sont encore loin d’être d’accord.

Broussais eût été content du très curieux et intéressant chapitre qui traite du froid, qu’il a appelé l’ennemi de la vie. L’auteur l’appelle encore plus énergiquement l’ennemi de la nature, este es gran enemigo de la naturaleza. Il tue soit immédiatement, soit indirectement, selon la quantité du suc cérébral qui tombe du cerveau sur l’estomac. C’est de ce liquide que se nourrissent les animaux hibernants, et de l’humidité qui pénètre par les pores. Le surplus de ce liquide non évacué par les voies ordinaires sort par les pieds, car il y a communication entre la tête et les extrémités inférieures : il faut donc tenir chaudement la plante des pieds, et se garder de trop chauffer le front, et surtout de passer brusquement de l’air chaud à l’air froid, et enfin de changer d’habitudes sans ménager les transitions. C’est le soleil qui, après Dieu, rend la vie aux plantes et aux animaux engourdis par le froid. Les bêtes à moitié mortes de froid ont perdu la vitalité de la peau, y pierden la vida del pellejo. La chaleur excessive agit à peu près comme le froid rigoureux, le cerveau étant naturellement froid. L’air ambiant, qui est de l’eau raréfiée, que es agua rara, est le principal aliment de la racine vitale, des centres nerveux, aliment absorbé à l’intérieur par la respiration et à l’extérieur, par la peau ; c’est ainsi que se nourrissent les animaux et les plantes, quand l’air est à la température normale. Les poissons, les animaux et les plantes vivent, meurent ou sont majades, suivant la qualité de l’atmosphère ambiante, eau ou air. Pour maintenir la bonne température et les qualités vitales de l’air, il le