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constructeurs n’ont pas cherché à perfectionner, parce que ce Caractère est de moins en moins employé. Ce qui complique la question c’est qu’il faudrait connaître avec précision l’intensité des lumières au point où est l’observateur, problème de physique bien mal résolu encore.

On emploie dans les phares des feux scintillants tournant avec des vitesses de plus en plus grandes : l’éclat varie très vite, mais l’œil ne saurait saisir le maximum ; l’impression qu’il reçoit est celle d’un feu d’une intensité un peu plus petite que s’il était produit par une lentille fixe. M. Allard, dans un mémoire sur l’intensté et la portée des phares, a essayé de résoudre théoriquement cette question ; mais il a voulu poser le problème sans aucune donnée expérimentale ; il est donc obligé de se baser sur des formules arbitraires.

L’établissement des phares électriques à éclats de courte durée soulève d’autres questions scientifiques très intéressantes : ainsi, par exemple, on s’est demandé quelle est la relation qui doit exister entre la dimension de l’objet et sa clarté, pour que la vue en soit distincte à une distance déterminée, ou encore quelle durée minimum doit avoir un éclat pour qu’il soit nettement aperçu à la bonne distance. Ce sont là des problèmes de sensation et, par suite, exigeant des expériences de psycho-physique : je ne crois pas qu’on ait fait des recherches précises dans ce sens.

Pour diriger les navigateurs à l’entrée des rivières, on emploie des feux de direction : le pilote se trouve dans le bon chenal, tant qu’il projette les deux feux sur une même verticale : l’application de ce système exige que l’on connaisse une loi déterminant le maximum de l’erreur qui peut être commise dans l’appréciation de la direction. À la suite d’expériences convenables, M. Reynaud a donné une formule assez simple et remarquablement exacte pour résoudre ce problème.

C’est l’optique qui offre le plus grand champ aux applications de la psycho-physique. Les contrastes des couleurs sont le produit d’une erreur de jugement et n’ont rien à voir avec la physique proprement dite. Les expériences de M. Delbeuf ne peuvent laisser aucun doute sur ce sujet et cette manière de voir est admise, je crois, par tous les physiologistes. Deux couleurs influent l’une sur l’autre, non seulement en raison de leurs teintes, mais encore de leur intensité et de leur saturation : le clair à côté du foncé paraît plus clair, et le sombre est renforcé.

On doit encore rattacher à la psycho-physique la notion des couleurs saillantes ou rentrantes ; habituellement on dit que le rouge paraît en saillie sur le bleu, parce que les rayons rouges étant plus