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ANALYSES.bernheim. De la suggestion, etc.

tenait pour certaine celle de la conscience. M. Droz, qui fait ces concessions, cite des articles des Pensées, et puisque la spiritualité de l’âme y est postulée, il dit le problème de la spiritualité résolu dogmatiquement ; il cite d’autres articles qu’il oppose les uns aux autres, et conclut : Pascal a professé des doutes quant à la certitude de la science, alors que, selon toute évidence, il ne les ressentait pas.

Dans chacun des trois chapitres de la troisième partie, qui porte pour titre général : La conciliation des pensées sceptiques — et ces chapitres sont intitulés : La tradition au sujet de la philosophie et de la raison ; La forme du livre et les défauts de la démonstration ; Le tempérament, le caractère et la pénitence de PascalM. Droz fait d’autres concessions ; il revient, pour les amender, sur certains jugements. Il ne pense pas que le plan de l’Apologie était aussi bien arrêté qu’il l’a redit après Filleau de la Chaise, Étienne Périer, Mme Périer, du jour que Pascal commença d’écrire sur la religion ; il ne pense pas non plus que les moyens afin de rendre les hommes religieux étaient tous délibérément choisis, tels moyens afin de gagner la volonté et tels, pour convaincre l’esprit, la chose à « prouver » étant d’ailleurs nettement et précisément définie. Il admet que, dans le livre des Pensées, nous n’avons pas des fragments à proprement parler ; il admet que Pascal a pu songer à son édification, à lui, en même temps qu’à celle d’autrui. Sur le jansénisme et sur les tendances propres de Pascal, encore des aveux à retenir. Mais aveux et concessions sont pour M. Droz, qui a l’esprit délié, l’esprit subtil, des moyens de défense. Il avait dit à un certain endroit du volume : c’est le dogmatisme que l’auteur des Pensées croyait le vrai, puisque c’est le scepticisme qu’il a soutenu avec le plus d’effort ; la phrase peut servir de conclusion à la thèse, nous serions tenté de dire à la plaidoirie.

Elle est habile ; elle fait honneur d’une certaine manière à qui l’a soutenue. Mais que l’on impute à crime le fait d’être sceptique, et l’on ne pourra s’empêcher, fermant le livre, de tenir Pascal pour coupable.

F. Grindelle.

Bernheim.De la suggestion et de ses applications a la thérapeutique. Un vol.  in-8o, 428 p. avec figures dans le texte. Paris, Doin, 1886.

Ce volume est la seconde édition, considérablement augmentée, du livre que M. Bernheim a fait paraître en 1884 sur la suggestion hypnotique. Comme la Revue a rendu compte, en son temps, de la première édition, nous n’avons à parler ici que des additions faites à la seconde. Aussi est-il inutile d’insister sur les procédés de l’auteur pour obtenir le sommeil et sur les caractères du somnambulisme qu’il a l’habitude de provoquer. On sait que M. Bernheim n’emploie et ne connaît que la suggestion. La suggestion, dit-il nettement dans sa préface, est la clef du braidisme. Toute cette partie a paru en 1884, et