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ANALYSES.lj. nedich. Doctrine de la quantification.

lement à regretter que l’auteur ait dans quelques cas associé à la médication par idée des agents différents, par exemple l’aimant, de sorte qu’il est difficile de faire la part de la suggestion.

A. Binet.

Ljubomir Nedich.Die lehre von der quantification des prædicats in der neueren englischen logik (Doctrine de la quantification du prédicat dans la logique anglaise moderne), 40 pages.

Le but de cette brochure est d’exposer la quantification du prédicat et les objections qu’elle a soulevées.

Deux systèmes de logique se trouvent aujourd’hui en présence en Angleterre : la logique inductive de Mill, que l’on s’est accoutumé à regarder comme le système anglais par excellence, et la logique de Hamilton, qui, partant de la quantification du prédicat, a imprimé une direction nouvelle aux études des logiciens anglais.

Hamilton s’est vu contester par Bentham la priorité de sa découverte. À ce sujet, il s’est élevé une polémique assez vive en Angleterre. L’idée de quantifier le prédicat ne semble pourtant pas dater de ce siècle. Bentham l’a clairement exprimée. Mais Hamilton le premier en a saisi toute la portée. Son dessein était vaste. Il voulait créer une analytique nouvelle qui devait simplifier et compléter la logique d’Aristote. Ce rêve ne s’est pas réalisé. Hamilton n’a même jamais fait un exposé systématique de ses idées. Spencer Baynes répara cet oubli du maître.

Il est un postulat fondamental qui, selon Hamilton, doit dominer toute analyse scientifique en logique. C’est qu’il est permis d’exprimer explicitement ce qu’on pense implicitement. Voici, par exemple, un jugement : les hommes sont des êtres vivants. On peut se demander si l’on comprend tous les hommes ou simplement quelques hommes ; et de même, si l’on entend tous les êtres vivants ou bien quelques êtres vivants. Le langage n’est pas tenu à une telle exactitude. Le sujet seul captive l’attention, lui seul est quantifié. Il en est tout autrement si l’on analyse scientifiquement la question. Un jugement exprime qu’un concept fait ou non partie d’une classe déterminée de concepts. Or, lorsqu’un concept est subordonné à un autre, il importe de savoir quelle place il occupe dans la sphère de cet autre ; ce qui exige que le prédicat soit doué de quantité.

La quantification du prédicat ainsi établie, il convient de jeter un regard sur une autre théorie de Hamilton qui s’y lie intimement : la doctrine de l’extension et de la compréhension du syllogisme. Un concept peut être envisagé sous deux points de vue bien différents. Considéré comme type d’une série d’attributs, il est pris dans le sens intensif ou compréhensif. Un concept rappelle aussi une série d’autres concepts auxquels il est commun, et c’est le sens extensif qui domine alors. De même les jugements sont compréhensifs ou extensifs. Si le sujet contient le prédicat comme un de ses attributs, le jugement est