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GUARDIA.philosophes espagnols

Cozar. Parrains : le Dr Alonso de Heredia, Cebrian de Biscaya ; Catalina Cano, femme du licencié Juan Velasquez, et Barbara Barrera, femme de Rodrigo de Padilla, et Bernardina de Montes, femme de Juan Rodriguez. Signé : Miguel Lopez, licencié. » Ce dernier nom est celui du curé qui administra le sacrement.

Cette pièce authentique a toute la valeur d’un extrait de l’état civil. À cette époque, c’était l’Église qui enregistrait les naissances et les décès, et présentement elle dispute ce droit aux municipalités, qui lui cèdent en rechignant. Dans l’extrait baptistaire figurent trois des noms de la signature mise au-dessus de la dédicace au roi : Oliva, Sabuco, Barrera ; mais de Nantes n’y figure point. Or, c’est sur ce surnom problématique qu’a été fondée la conjecture, assez singulière, que l’auteur de la Philosophie nouvelle devait être d’origine française, bretonne de naissance ; conjecture qui ne s’accorde guère avec l’opinion émise par d’autres critiques, à savoir que ce mystérieux écrivain appartenait à une famille morisque ; or, depuis leur expulsion, les Morisques qui étaient restés en Espagne n’y jouissaient point d’une entière sécurité : suspects de rébellion et d’hérésie, ils vivaient dans des transes, exposés à la délation, sous l’œil vigilant des inquisiteurs. Il en était de même des Juifs convers, c’est-à-dire des nouveaux chrétiens convertis de gré ou de force après le décret d’expulsion des rois catholiques, Ferdinand et Isabelle.

Il se peut que la femme distinguée dont la personne est si peu connue fût d’origine orientale, mais rien n’est moins certain, tandis que sa religion est bien établie par cet extrait de baptême, où le nom du père et les noms des deux marraines certifient l’authenticité de ceux qui figurent dans la signature de l’auteur de la dédicace. Il est possible que de Nantes soit une erreur de transcription pour de Montes, le dernier nom de femme qui se trouve dans l’acte de baptême, à moins qu’il ne faille voir dans ce groupe de mots le vieil adverbe denantes, qui équivaut exactement au français ci-devant, d’un usage si fréquent sous la première République. Dans ce cas, la signature donnerait : Oliva Sabuco, denantes Barrera. Il n’y a peut-être que ce moyen d’expliquer raisonnablement une énigme, encore plus singulière qu’importante, puisqu’il n’y a point d’incertitude sur le prénom et le nom de l’auteur.

Ce qui vaut la peine d’être noté comme une particularité tout au moins curieuse, c’est qu’au bas de la dernière page de la seconde édition de Madrid, immédiatement au-dessous du nom de l’imprimeur et du millésime, se trouve la signature autographe, en caractères virils et très fermes. Le nom de Sabuco a un tel relief qu’il semble