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la mensuration qu’il faisait de la distance de l’audition distincte pendant l’application des métaux ; souvent ce transfert d’un côté à l’autre du corps recommence en quelque sorte spontanément sans nouvelle application métallique et se répète un certain nombre de fois de suite. Ce phénomène a été indiqué pour la première fois par M. Charcot, qui lui a donné le nom d’oscillations consécutives.

Des recherches nouvelles que nous avons faites dans le service de notre maître M. Charcot, nous ont montré que deux sujets peuvent jouer, au point de vue du transfert, l’un par rapport à l’autre, un rôle analogue à celui que joue chez un seul sujet un côté du corps par rapport au côté opposé. Dans nos expériences, les malades ont été placés dans la situation assise, tournés dos à dos. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait contact entre eux ; mais, s’il y a contact, le transfert est plus rapide que lorsque les malades sont à une certaine distance l’un de l’autre.

Les expériences que nous avons faites doivent être divisées en deux catégories :

À la première catégorie appartiennent des expériences qui ont porté sur deux jeunes filles hystéro-épileptiques, ayant chacune une hémianesthésie sensitive sensorielle, toutes deux sujettes à des attaques d’hystéro-épilepsie et présentant au complet les phénomènes du grand hypnotisme, tels qu’ils ont été décrits par M. Charcot. Voici les diverses expériences que nous avons faites sur ces deux malades, et qui, toutes, ont été répétées un grand nombre de fois.

Nous les avons d’abord mises simplement en rapport l’une avec l’autre comme il a été dit plus haut, et nous avons placé un aimant à côté de l’une d’elles. Nous avons alors observé qu’une des deux malades, d’hémianesthésique qu’elle était, devient au bout de quelques instants anesthésique totale, et en même temps l’autre malade recouvre la sensibilité dans son côté anesthésié, tout en la conservant dans le côté opposé. Puis un nouveau transfert s’opère, même si l’on éloigne l’aimant ; la première malade, devenue anesthésique totale, recouvre la sensibilité dans toute l’étendue de son corps, et la seconde malade devient à son tour’anesthésique totale, et il se fait ainsi une série d’oscillations consécutives. Lorsqu’on éloigne les deux malades l’une de l’autre, elles reviennent très rapidement à l’état qu’elles présentaient avant l’expérience, c’est-à-dire qu’elles redeviennent toutes deux hémianesthésiques.

Nous avons ensuite produit chez ces malades, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre, des paralysies soit flasques, soit avec contracture ; c’est ainsi que nous avons produit tour à tour des monoplégies brachiales, des monoplégies crurales, des hémiplégies, des paraplégies, les unes flasques, les autres spasmodiques. La malade paralysée était mise alors en contact avec sa compagne, près de laquelle on plaçait l’aimant. Au bout de quelques instants, le transfert se produit ; la paralysie disparaît chez la première malade, et se manifeste en même temps chez la seconde. Le transfert se fait généralement avec la plus grande pureté ; la paralysie se transfère avec ses caractères et sa localisation exacts ; il nous