Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXII, 1886.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
ANALYSES.g. ballet. Le langage intérieur.

sent entre eux, mais à nous permettre de démêler d’une façon plus complète le mécanisme des divers troubles psychiques. » La psychologie expérimentale ou physiologique comporte « deux méthodes, ou plus justement deux procédés de recherche : elle est à la fois subjective et objective, ou comme on dit encore, idéologique et biologique. En tant que science subjective, elle fait appel à l’observation intérieure et repose sur la réflexion et l’analyse ; en tant que science objective, elle recourt aux renseignements qui lui sont fournis par l’anatomie, la physiologie, et surtout par la pathologie du système nerveux… » « En face de cette tendance générale à rapprocher, pour les faire concourir au même but, les méthodes subjective et objective et à les utiliser toutes les deux parallèlement dans l’étude des phénomènes intellectuels, on ne s’étonnera pas du titre de ce travail où figurent, côte à côte, des expériences empruntées au vocabulaire de la psychologie et d’autres appartenant plus spécialement à la nomenclature pathologique. Ce titre constitue, si je ne m’abuse, l’affirmation de la révolution dont j’ai parlé plus haut, et la consécration officielle de l’étroite et intime union qui doit désormais relier la psychologie à la pathologie cérébrale. »

L’auteur appliquant ensuite sa théorie à l’histoire des théories du langage trouve une confirmation de ses idées dans les progrès qu’ont fait faire à la question, en combinant les enseignements de la psychologie à ceux de la clinique, Broadbent, Bastian, en Angleterre, Kussmaul, en Allemagne, et en France M. Charcot, à qui « le mérite de la tentative revient surtout » et dont la préoccupation a été « de mettre en relief le précieux concours que l’observation intérieure vient apporter aux recherches anatomc-cliniques ». Et ce que M. Ballet se propose dans son ouvrage, c’est de « montrer les résultats de cette heureuse entente de la psychologie et de la pathologie, faire ressortir les éclaircissements que la clinique apporte à l’étude de la fonction du langage, rechercher surtout les interprétations des diverses formes de l’aphasie telles que les rend aujourd’hui possible l’analyse psychologique. »

M. Ballet a par conséquent essayé, lui aussi, d’interpréter par la psychologie les troubles du langage. « L’aphasie, dit-il, n’est pas autre chose qu’une altération complète ou incomplète de l’une ou de plusieurs des modalités du langage intérieur. » Il a fait de ces troubles du langage intérieur une très bonne monographie. Il est difficile de l’analyser ici à cause de la place qu’y tiennent un très grand nombre d’observations intéressantes. Le plan est simple et logique. Après un aperçu sur la formation et le développement de la fonction du langage chez l’individu, M. Ballet examine les différentes formes de la représentation des mots et les différents types, auditif, visuel[1] et

  1. Je me permettrai de relever ici une inexactitude de l’auteur, inexactitude qui n’a d’ailleurs aucune importance. M. Ballet cite, en nie l’empruntant, une note d’une personne du type visuel et l’attribue par erreur à M. Montchal, bibliothécaire de la Société de lecture de Genève. M. Ballet a confondu cette note avec