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une formule empirique ; il a procédé par déduction, tout comme Fechner, mais en adoptant comme point de départ une autre loi que celle de Weber ; tandis que celle-ci suppose, pour la plus petite différence sensationnelle perceptible, que la différence de l’excitation est proportionnelle à l’excitation , Langer admet, d’après les expériences d’Aubert, la relation fondamentale

.

Mais ce point de départ est aussi contestable que les déductions, souvent erronées et en tout cas hypothétiques, que Langer en tire.

G.-E. Müller s’est posé surtout comme adversaire de Fechner en ne reconnaissant à la loi prétendue psychophysique qu’une valeur physiologique. Il substitue d’ailleurs à la formule logarithmique une relation de fait indéterminée :

,

est une fonction inconnue de l’excitation. D’autre part, il propose une formule où entre comme coefficient une intégrale déterminée spéciale qui est égale à l’unité pour toute valeur de l’excitation supérieure au seuil, qui est nulle au contraire pour toute valeur inférieure. Il a ainsi une expression mathématique arbitraire qui se prête à la discontinuité que réclame la loi du seuil.

Cette tentative est plus curieuse que satisfaisante. En résumé, comme je le disais en commençant cette revue, les discussions s’égarent au lieu de se concentrer sur le point essentiel, à savoir le véritable caractère du problème, soit physiologique, soit psychophysique.

En distinguant l’aperception de la sensation, Wundt paraît n’attribuer à la sensation qu’une nature physiologique. C’est introduire une nouvelle notion qu’il serait nécessaire de définir avec plus de précision, je le répète ; mais si on veut limiter au domaine physiologique les questions soulevées, il faudrait, ce me semble, recourir à de nouvelles méthodes expérimentales, car celles qui ont été employées jusqu’à présent atteignent indiscutablement des faits psychiques, et si l’on veut en restreindre la portée, on est obligé soit de recourir à des hypothèses purement gratuites, comme par exemple celles de Plateau ou Brentano, soit de reconnaître, avec G.-E. Müller, que les procédés mis en œuvre sont insuffisants pour résoudre le problème.

En s’attachant au contraire à l’aperception, c’est-à-dire au phénomène psychique, on a bien en réalité des expériences qu’il est possible de chercher à mettre en concordance avec des formules mathématiques. Mais ces expériences sont encore tellement incertaines, il y a d’autre part une telle différence d’essence entre les phénomènes psychiques et ceux de l’excitation extérieure, qu’il est difficile d’attribuer une valeur théorique à aucune des formules proposées. On reste donc dans le simple empirisme.

Pour essayer d’en sortir, il faudrait, après avoir nettement distingué le problème physiologique et le problème psychologique, essayer de