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ses propres femmes quand elles l’offensaient, et de les manger après. » (J. E. Erskine, West Pacific, p. 248.)

« Répandre le sang est pour lui non un crime, mais une gloire… Être en quelque façon meurtrier reconnu est l’objet d’une ambition sans bornes pour les insulaires de Fiji. » (Rev. T. Williams, Fiji and the Fijians, I, p. 212.)

M. Thompson dit des jeunes Zoulous : « C’est un fait affligeant que, même dans un âge assez tendre, si leurs mères essayent de les châtier, ils peuvent, sur Hnstant, et de par la loi, luer leurs mères. » (G. Thompson, Travels and Adventures in Southern Africa, II, p. 418.)

« Le meurtre, l’adultère, le vol et toutes sortes d’autres crimes ne sont pas regardés ici (dans la Côte d’Or) comme des péchés. » (W. Bosman, Description of the Coast of Guinea, p. 130.)

« La conscience accusatrice leur est inconnue (aux Africains de l’Est). Leur seule frayeur, lorsqu’ils ont commis un meurtre abominable, est d’être poursuivis par le spectre irrité de leur victime. » (R.F. Burton, Lake Régions of Central Africa, II, p. 536.)

« Je n’ai jamais pu leur faire comprendre (aux Africains de l’Est) l’existence d’un bon principe. » (S. W. Baker, The Nile Tributaries of Abyssinia, I, p. 240-241.)

« Les Démaras tuent les bouches inutiles et les personnes affaiblies par l’âge ; on voit même des fils étouffer leurs pères malades. » (G. Galton, Narrative of an Explorer in Tropical South Africa, p. 112.)

Les Démaras « semblent n’avoir aucune notion appréciable du bien et du mal. » (Ibid., p. 72.)


En face de ces faits nous pouvons en établir d’autres qui leur répondent par opposition. A l’autre extrémité, en Orient, nous avons un petit nombre de tribus — on les appelle païennes — qui pratiquent des vertus dont les nations d’Occident — appelées chrétiennes — se contentent de recommander la pratique. Tandis que des Européens altérés de sang exercent la vengeance exactement à la manière des sauvages les plus dégradés, il y a tels Indiens montagnards, peuplades simples, les Lepchas, par exemple, qui sont « singulièrement oublieux des injures[1] » ; et Campbell voit dans ce fait un exemple « de l’action d’un très vif sentiment du devoir chez ces sauvages[2] ». Ce caractère dont le christianisme est supposé favoriser l’apparition, se retrouve à un haut degré chez les Arafuras (Papouas), qui « vivent en paix, pratiquant entre eux l’amour fra-

  1. Campbell, in Journal of the Ethnological Society, july 1869.
  2. Ibid.