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BALBIANI.de la génération et de l’hérédité

se divise sous son enveloppe en huit individus, dont chacun devient libre, se divise en quatre individus, lesquels, devenus libres à leur tour, se conjuguent entre eux.

En résumé, la conjugaison présente les caractères suivants : 1o il n’existe point de différence morphologique entre les deux individus qui se conjuguent ; il n’y en a pas un qui est mâle et l’autre qui est femelle. Seulement, dans quelques cas, on constate un début de différenciation ; les deux individus sont de taille inégale. 2o La conjugaison consiste dans le mélange intime des deux individus ; leur protoplasma se mélange ; on a constaté également, dans la conjugaison des Polytoma et des Haematococcus, que les noyaux des deux individus se fusionnent. On peut dire que les deux personnalités se confondent dans le produit de la conjugaison.

On rencontre chez certains Protozoaires, les infusoires ciliés, une autre forme de conjugaison qui mériterait d’être désignée par un autre nom que la précédente. Cette conjugaison ne consiste pas dans un mélange de protoplasma entre les deux individus conjoints ; ces deux individus ne perdent point leur personnalité, ils restent distincts l’un de l’autre ; ils s’accolent simplement, et échangent entre eux une partie de leur substance nucléaire. Nous avons déjà parlé de ces phénomènes dans un précédent travail publié par la Revue ; nous n’y reviendrons pas. Rolph, qui désigne sous le nom de confusion la conjugaison avec mélange total du protoplasma des deux individus, a proposé d’appeler interfusion la conjugaison avec mélange partiel de leur substance. Rolph croyait que la partie mélangée était du protoplasma ; nous savons aujourd’hui que c’est de la substance nucléaire. L’interfusion se rapproche donc plus de la fécondation des animaux supérieurs que la conjugaison. Comme dans la fécondation proprement dite, les deux conjoints ne mélangent que leur substance nucléaire, mais ils restent distincts par leur protoplasma, au moins dans la généralité des cas ; chacun des deux infusoires ciliés qui ont pris part au phénomène se trouve régénéré par l’échange de substance nucléaire qui a eu lieu ; et l’effet direct de ce renouvellement du noyau est de provoquer dans l’infusoire, comme dans un œuf fécondé, un processus actif de division. On peut dire que le corps du cilié a la valeur physiologique d’un œuf.

Récemment, Kirchner[1] a fait sur le genre Volvox une observation fort curieuse, qui établit une transition nouvelle entre la Conjugaison et la Fecondation. Le Volvox globator se présente sous la forme d’une colonie composée d’un très grand nombre de petits individus ; on en

  1. Beiträge zur Biologie der Pflanzen, t.  III, 1879.