Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVII, 1889.djvu/523

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
513
ANALYSES.f. cellarier. Études sur la raison.

puisque j’ai soutenu moi-même des idées du même genre, mais je dois avouer que je n’ai pas tout à fait la même confiance et que je trouve beaucoup d’études nécessaires non seulement pour défendre, mais simplement pour comprendre de semblables hypothèses. Il est vrai qu’une exposition comme celle de M. Coste présente un avantage qui ne se retrouvera pas dans les discussions plus approfondies : elle est simple, claire au moins en apparence et agréable à lire.

Pierre Janet.

Félix Cellarier. Études sur la raison. I volume in-18. Paris, Alcan, 1889.

L’ambition de M. Cellarier n’est pas petite : il ne vise à rien moins qu’à « fonder un nouveau système faisant reposer la philosophie, et toutes les sciences avec elle (car leur destinée est absolument indivisible), sur des bases d’une solidité indiscutable, c’est-à-dire de constituer la théorie définitive de la connaissance ». Et si quelqu’un est tenté de se récrier contre l’énormité d’une prétention pareille, M. Cellarier lui dit avec Thémistocle : « Frappe, mais écoute. Plus loin, et dès la fin de sa première partie, l’auteur se flatte « d’avoir trouvé une base inébranlable non seulement pour les idées, mais encore pour les principes de raison, qui tous découlent de ce principe, le premier de tous, l’affirmation de l’être absolu ». Et il ajoute : « Un autre résultat encore qui est la conséquence de celui que nous venons de signaler, c’est la déroute complète et la défaite définitive du scepticisme. »

Cette foi en ses idées, cette ardeur à poursuivre tous les ennemis de la vérité sont d’une âme généreuse à coup sûr, mais elles trahissent une inexpérience fâcheuse des conditions et de l’esprit dans lesquels doivent se traiter les plus hauts problèmes de la philosophie. Voyons pourtant quelles solutions l’auteur apporte de celui qu’il s’est posé.

L’ouvrage est divisé en deux parties dont la première traite des idées rationnelles, et la seconde des principes rationnels. À l’égard des idées rationnelles, M. Cellarier ne doute nullement que nous ne puissions concevoir distinctement l’infini et l’absolu. Il faut bien, suivant lui, que nous les pensions d’une manière effective, puisque nous pensons le fini et le relatif qui les supposent avant eux. L’auteur donc ne prend pas garde que, si les concepts du fini et du relatif supposent ceux du fini et de l’absolu, la réciproque n’est pas moins vraie ; de sorte que l’infini et le fini, l’absolu et le relatif nous sont donnés dans la conscience en couples indissolubles, comme tous les contraires, et qu’il est tout aussi vain de prétendre isoler, dans chaque couple, le premier terme du second, que le second du premier. Mais passons. Ces idées de l’infini et de l’absolu que nous possédons ainsi en elles-mêmes et pour