indifférence, soit par calcul, soit par pusillanimité. On a affecté d’ignorer en Sorbonne et la théologie et la philosophie religieuses ; on portera la peine de cette négligence par l’effort considérable qui sera nécessaire pour rouvrir des voies abandonnées.
Je me borne pour le moment à ces réflexions peu encourageantes, ayant l’intention de revenir prochainement à cette même place sur la question brûlante des rapports de la philosophie et de la théologie à notre époque et dans l’état actuel des esprits, particulièrement en France.
Je signale avec plaisir un ouvrage important qui est à la limite même du cadre où nous sommes appelé à nous mouvoir, la Réforme et la politique française en Europe jusqu’à la paix de Westphalie, par le vicomte de Meaux[1]. « Attiré naguère, dit l’auteur, par le spectacle des luttes religieuses en France, j’essaye aujourd’hui de retracer le rôle de la France dans les luttes religieuses de l’Europe. — Au terme du xvie siècle, alors que la foi catholique triomphe et que la liberté de religion s’établit parmi nous, la France pacifiée voit autour d’elle l’Europe divisée : ici, des États protestants qui ne tolèrent pas les catholiques ; là des États catholiques qui ne tolèrent pas les protestants ; et, nulle part, chez ses voisines, le régime inauguré chez elle pour maintenir, malgré la contradiction des croyances, l’unité nationale. J’ai précédemment décrit ce régime, il me reste à le comparer à celui des autres peuples. Cette comparaison en déterminera la valeur. » C’est, on le voit, une large étude d’histoire moderne dominée par une pensée de philosophie politique.
- ↑ In-8o, vii, 569 et 691 pages.