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NÉCROLOGIE


M. Beaussire.

M. Émile Beaussire, membre de l’Académie des Sciences morales, est mort le 8 mai dernier, à l’âge de soixante-cinq ans.

Né à Luçon le 26 mai 1824, il entra à l’École normale en 1844, enseigna la philosophie dans divers lycées, puis fut nommé professeur de littérature à la Faculté de Poitiers. Appelé à Paris, il reprit au lycée Charlemagne l’enseignement philosophique qu’il n’avait quitté qu’à regret. En 1871, il entra dans la vie politique : arrêté pendant quelques jours par ordre de la Commune de Paris, il fut peu après élu membre de l’Assemblée nationale et plus tard député de la Vendée. À l’expiration de son mandat, en 1881, il rentra dans la vie privée.

Sauf un livre consacré à des souvenirs personnels sur les deux sièges de Paris, tous les ouvrages de M. Beaussire ont pour objet des questions de morale privée et publique ou d’enseignement. Presque tous ont été analysés ici et il suffira d’en indiquer les titres : la Liberté dans l’ordre intellectuel et moral ; la Liberté d’enseignement ; les Principes de la morale ; enfin les Principes du droit dont le compte rendu n’a précédé sa mort que de quelques semaines.

Il est inutile de rappeler à nos lecteurs que M. Beaussire était l’un des collaborateurs actifs de ce recueil. II ne se bornait pas à publier des études sur ses sujets de prédilection : la morale et le droit ; un grand nombre d’analyses d’ouvrages de nature très diverse sont signés de son nom : il s’intéressait particulièrement aux travaux publiés en Italie.

Les opinions philosophiques de M. Beaussire ont été assez souvent exposées dans la Revue par lui-même, pour qu’il n’y ait pas besoin d’insister. C’était un spiritualiste franc, mais très ouvert, curieux de toutes les nouveautés et les accueillant le plus souvent avec sympathie. C’est ainsi qu’il demanda de très bonne heure à devenir membre de la Société de psychologie physiologique, dont il suivait les séances avec la plus grande assiduité. Sa mort, presque subite, laisse des regrets unanimes. Les Corps savants ou officiels dont il faisait partie lui ont décerné les éloges qui lui étaient dus : entre tous, celui qui nous paraît le mieux résumer son caractère, c’est qu’il était très ferme sur les principes et très conciliant avec les personnes.


Nous annonçons la publication d’un important ouvrage de M. Wundt, intitulé System der Philosophie (in-8o, Leipzig, Engelmann, 669 pages) dont il sera rendu compte prochainement.

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Le Propriétaire-Gérant, Félix Alcan.

Coulommiers. Typ. Paul Brodard et Gallois.