Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVIII, 1889.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
E. RÉGIS.Des maladies mentales

belles paroles de Clifford sur le devoir et l’utilité sociale d’affirmer hautement ce qu’on croit être la vérité. La tolérance, d’ailleurs, n’est pas en cause. Elle est fondée sur le respect des personnes, mais ne doit point ressembler à une indifférence pour les idées.

La propriété individuelle, paraît, elle aussi, aux yeux de M. de L. être érigée en un dogme beaucoup trop absolu. Dans son organisation actuelle, elle peut aboutir à de véritables accaparements. Sans s’expliquer sur les moyens à employer pour réprimer les abus de l’individualisme, l’auteur est convaincu que la propriété individuelle doit subir, dans l’avenir, certaines limitations. Le communisme est une chimère dangereuse, mais la société doit toujours conserver le droit de réglementer l’usage de la propriété dès qu’il devient un fait essentiellement social :

Au résumé, les Éléments de Sociologie sont un ouvrage où la doctrine, un peu flottante, laisse place à une grande variété d’aperçus, jetés au courant d’une plume facile, où l’on trouve un homme plutôt qu’un auteur, et dont la lecture laisse l’impression d’une conversation avec un esprit éclairé et indépendant qui a puisé dans la vie elle-même et dans l’expérience des voyages, plus encore que dans les livres, le goût et le sens des problèmes sociaux.

G. Belot.

Dr E. Régis. Exposé d’un classement méthodique des maladies mnentales. (Extrait du Bulletin de la Société de médecine de Belgique, 1838.)

Il est toujours extrêmement difficile de critiquer une classification des maladies mentales ; non pas qu’il ne soit aisé d’y découvrir des défauts, mais, après avoir démoli l’édifice plus ou moins complètement, la reconstruction qu’on est en droit d’attendre du critique, ne fût-ce que partielle, offre des obstacles insurmontables. C’est dire que toutes les classifications proposées jusqu’à ce jour ne correspondent pas à la réalité des choses. On a bien séparé les unes des autres quelques-unes des formes de l’aliénation ; mais, d’une part, nous ne les connaissons peut-être pas encore toutes et, d’autre part, même pour les formes qui paraissent le mieux établies, nous sommes incapables de rattacher les points de vue anatomique et psychologique. Une classification à l’heure actuelle ne peut et ne doit que chercher à satisfaire le côté pratique, tout en n’étant pas en contradiction avec les quelques lois générales qui paraissent établies et qui nous conduiront peut-être à une compréhension plus exacte de la folie. La classification de M. Régis est un peu simple, elle est peut-être suffisante pour la distinction pratique des maladies mentales. Nous la résumons ici en quelques mots, nous réservant de faire ensuite quelques objections d’ordre théorique.

M. Régis divise d’abord les troubles mentaux en primitifs et secon-