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À cette diminution unilatérale de la force musculaire et de la sensibilité correspond une lenteur remarquable des réactions.

La durée du temps de réaction offre généralement, chez les hystériques, une augmentation proportionnelle à la diminution de la sensibilité générale et spéciale, c’est-à-dire qu’elle est variable pour chaque sens. La réaction aux excitations cutanées peut être plus ou moins retardée suivant les régions. La durée du temps de réaction est plus courte lorsque l’excitation et la réaction se passent du côté le moins anesthésique. Elle augmente lorsque l’excitation est portée sur le côté le plus anesthésique ou lorsque la réaction se fait de ce même côté. Elle augmente encore lorsque l’excitation-et la réaction se font l’une et l’autre du côté le plus anesthésique. Cette épreuve des réactions croisées comparées aux réactions homologues donne des différences assez considérables pour indiquer que la transmission centripète et la transmission centrifuge sont retardées du côté anesthésique.

Dans les états de somnambulisme, les mêmes différences latérales subsistent en général à un certain degré ; mais la durée du temps de réaction peut subir des changements variables. On sait d’ailleurs que les somnambules présentent des degrés de lucidité extrêmement variables : on ne peut donc pas s’étonner de trouver tantôt une augmentation, tantôt une diminution de la durée du temps de réaction. En général, toutefois, l’équation personnelle présente, à l’état de veille et à l’état de somnambulisme, des différences assez notables pour constituer une sorte de caractère objectif. Je ferai encore une remarque qui n’est pas sans importance : c’est que, tandis qu’à l’état de veille, la durée du temps de réaction est non seulement longue chez les hystériques, lorsque l’on considère la moyenne d’une série nombreuse d’observations sur le même sujet ; et qu’en outre ces différentes observations montrent des écarts considérables trahissant une insuffisance de l’attention, écarts que l’on retrouve chez les sujets normaux sous l’influence de la fatigue. Chez les somnambules, au contraire ; les réactions présentent souvent une uniformité de temps remarquable. Cette uniformité, qui constitue une présomption sérieuse de la sincérité des résultats, donne en quelque sorte la mesure de l’automatisme[1].

Un des caractères les plus intéressants de l’anesthésie hystérique est de varier d’un instant à l’autre sous l’influence de causes tellement légères qu’elles peuvent facilement passer inaperçues.

  1. Ch. Féré, Note sur le temps de réaction chez les hystériques et chez les épilepliques (Comptes rendus de la Soc. de biol.), 1889, p. 67.